Pourquoi les distributions de nourriture dans la bande de Gaza virent au chaos

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Depuis la reprise du conflit israélo-palestinien en octobre 2023, la bande de Gaza fait face à une crise alimentaire sans précédent, où les distributions d’aide alimentaire tournent régulièrement au chaos. Cette situation, exacerbée par un blocus israélien de près de trois mois imposé à partir de mars 2025, a plongé 93 % de la population dans une insécurité alimentaire aiguë, avec 1,95 million de personnes menacées de famine, selon des rapports de l’IPC (Cadre Intégré de Classification de la sécurité alimentaire).La levée partielle du blocus en mai 2025, permettant l’entrée d’environ 900 camions d’aide en une semaine, soit 10 % des besoins quotidiens, n’a pas suffi à apaiser la désespérance d’une population affamée. Le nouveau système de distribution, initié par Israël et soutenu par les États-Unis, vise à contourner le Hamas, accusé par les autorités israéliennes de détourner l’aide.Une situation humanitaire de plus en plus critiqueGéré par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), une organisation créée en janvier 2025 en Suisse, ce mécanisme repose sur quatre « méga-centres » à Rafah, sous la garde de contractors américains de Safe Reach Solutions. Ces centres, entourés de barrières et de bancs de sable, canalisent les Gazaouis dans des files surveillées, créant des scènes de désespoir où des foules, incluant femmes et enfants, se ruent sur les stocks.Le 27 mai 2025, l’ouverture du site SDS1 à Rafah a dégénéré, avec des tirs de sommation israéliens causant des blessés, tandis que le lendemain, des centaines de personnes ont pris d’assaut un entrepôt du Programme alimentaire mondial (PAM) à Deir al-Balah, faisant au moins quatre morts.Les ONG, dont le PAM, refusent de collaborer avec ce système, dénonçant son caractère « déshumanisant » et son incapacité à atteindre l’ensemble de la population, notamment dans le nord de Gaza, où la famine est imminente. Les restrictions israéliennes sur les importations, le manque de camions agréés, les frappes continues et l’insécurité rendent la logistique impossible.Les cuisines communautaires, vitales pour 600 000 personnes, sont à court de vivres, et les prix alimentaires ont bondi de 1 400 % par rapport à la trêve de janvier 2025. Les Gazaouis, comme Walaa Abu Sa’da, mère de trois enfants, décrivent des conditions où « tout est lutte », avec des familles forcées de mendier ou de brûler des débris pour cuisiner.