Depuis plusieurs mois, la frontière terrestre entre la Finlande et la Russie, longue de 1 340 kilomètres, est entièrement fermée. Cette décision, prise par les autorités finlandaises, a marqué un tournant majeur dans les relations bilatérales, mettant un terme à des décennies d’échanges économiques et humains soutenus. « Nous sommes passés d’une ère où les frontières s’ouvraient à celle où elles se ferment », a confié à l’agence britannique Reuters le chef finlandais des opérations des gardes-frontières, Samuel Siljanen.L’adhésion de la Finlande à l’OTAN en 2023 a intensifié les tensions avec Moscou, doublant ainsi la longueur de la frontière entre la Russie et l’Alliance atlantique. Bien que le président finlandais Alexander Stubb ait reconnu que certains déploiements russes étaient une réponse attendue, cette nouvelle configuration géopolitique suscite des inquiétudes de part et d’autre.Initialement, la fermeture progressive des points de passage a été justifiée par l’afflux de demandeurs d’asile venus du Moyen-Orient et d’Afrique. Helsinki accuse Moscou d’avoir facilité ces déplacements, ce que le ministère russe des Affaires étrangères dément catégoriquement. En réponse, la Finlande a décidé, au printemps 2024, de maintenir la fermeture jusqu’à nouvel ordre et a lancé la construction d’une barrière de 200 km, haute de 4,5 mètres, dotée de caméras, capteurs et éclairage de sécurité.Les conséquences de cette fermeture se font durement sentir dans les régions frontalières. Des milliers de familles binationales – la Finlande compte environ 38 000 citoyens russo-finlandais – sont désormais coupées de leurs proches. Des commerces locaux, naguère animés par le flux des touristes russes, tournent désormais au ralenti. Toujours selon Reuters, les centres commerciaux et les restaurants sont vides, et les pertes économiques sont estimées à plus de 300 millions d’euros par an. Le taux de chômage y frôle désormais les 15 %, bien au-dessus de la moyenne nationale.De son côté, la Russie nie toute intention belliqueuse à l’égard des pays membres de l’OTAN. Le président Vladimir Poutine a qualifié de mensonge les accusations d’hostilité, soulignant que la Russie se considère comme suffisamment armée pour garantir sa propre sécurité sans chercher l’affrontement.