Depuis le 24 février, Joël Le Scouarnec, ancien chirurgien gastro-intestinal, est jugé en France pour des abus sexuels commis sur 299 patients entre 1989 et 2014. Le procès, qui devrait durer quatre mois, se tient à Vannes, en Bretagne. Parmi les victimes figurent 158 garçons et 141 filles, dont l’âge moyen au moment des faits était de 11 ans.Déjà condamné en 2020 à 15 ans de prison pour abus sexuels sur quatre enfants, dont deux de ses nièces, Le Scouarnec a reconnu lors de l'ouverture de ce nouveau procès avoir «commis des actes ignobles». Selon France 24, il a également déclaré que ces blessures infligées aux victimes étaient «irréparables».Les documents judiciaires montrent que le chirurgien consigna méticuleusement ses crimes dans des carnets. Selon CNN, ces écrits décrivaient des abus souvent commis sous le prétexte d’un examen médical, alors que les patients étaient sous anesthésie générale ou inconscients. De nombreuses personnes n'ont aucun souvenir des agressions, mais les effets sur leur vie ont été profonds, comme l’ont révélé plusieurs analyses psychologiques menées dans le cadre de l’enquête.En 2005, Joël Le Scouarnec avait été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour détention de matériel pédopornographique, mais cette condamnation n'avait pas empêché sa carrière de continuer. CNN rapporte qu'au moins trois médecins ont tenté d’alerter les autorités au sujet du comportement suspect de Le Scouarnec. Le psychiatre Thierry Bonvalot, qui travaillait avec lui à l'hôpital de Quimperlé, avait demandé sa démission en 2006, déclarant: «Je lui ai dit qu'il était dangereux et que sa place n'était pas à l'hôpital. Je lui ai demandé de démissionner. Il a refusé».Lors d’une perquisition en 2017, plus de 300 000 photos et 650 fichiers vidéo à caractère pédopornographique ont été retrouvés au domicile du chirurgien. Selon Euronews, Le Scouarnec aurait écrit dans ses journaux: «Je suis un pédophile, et je le serai toujours». Ces carnets, qui détaillent de nombreux abus, sont au cœur du procès.L'une des victimes du chirurgien a déclaré à France 3 avoir sombré dans une profonde dépression après avoir découvert qu’elle figurait sur une liste d'abus répertoriée dans les carnets de Le Scouarnec. «C'était le début d'une descente aux enfers», a-t-elle confié.Le procès survient quelques mois après l'affaire Gisèle Pélicot, qui a permis de lever certains tabous sur la question des abus sexuels en France. De nombreux militants espèrent que ce procès contribuera à une prise de conscience sur la nécessité de réformer le cadre juridique afin de mieux protéger les enfants.Plusieurs organisations de protection de l'enfance se sont portées partie civile dans cette affaire, espérant que les lacunes du système, qui ont permis à Joël Le Scouarnec d’agir pendant plusieurs décennies, soient corrigées. Selon les militants interrogés par Euronews, l’affaire met en lumière les défaillances des institutions médicales et judiciaires qui auraient dû réagir plus rapidement aux premiers signaux d’alerte.