Le Soudan a rappelé son ambassadeur au Kenya le 20 février, en réaction à l'accueil par Nairobi de réunions des Forces de soutien rapide (FSR), une milice paramilitaire en conflit avec l'armée soudanaise depuis près de deux ans. Ces réunions visaient à préparer la proclamation d'un gouvernement parallèle par les FSR.Le ministère soudanais des Affaires étrangères, cité par l’agence de presse Suna, a qualifié cet acte de «nouvelle provocation hostile» envers le Soudan. Auparavant, Khartoum avait dénoncé une «ingérence» et une «violation de sa souveraineté» par le Kenya, alors que les FSR tenaient des réunions à Nairobi cette semaine, visant la création d’un «gouvernement de paix et d’unité».De son côté, le ministère kényan des Affaires étrangères a défendu sa position en affirmant que l'organisation de cet événement était «compatible avec le rôle du Kenya dans les négociations de paix», soulignant son engagement à offrir des plateformes impartiales aux parties en conflit pour rechercher des solutions.Des précédents kényans Cette situation a suscité l'indignation au sein de la classe politique et de la société civile kényanes. Certains estiment que le Kenya ne devrait pas devenir un terrain fertile pour les insurrections étrangères, rappelant des précédents similaires dans le passé. En décembre 2023, Nairobi a en effet abrité des réunions ayant abouti à la naissance de l’Alliance fleuve Congo, la branche politique du M23, un groupe armé aujourd’hui en pleine offensive dans l’est de la RDC.En 2005 avait été signé au Kenya l’Accord de Naivasha, mettant fin à la deuxième guerre civile soudanaise entre le gouvernement de Khartoum et le SPLM (Mouvement de libération du peuple soudanais). L'accord avait conduit à l’indépendance du Soudan du Sud en 2011. Cependant, certains à l’époque avaient accusé le Kenya d’avoir offert une plateforme trop favorable aux rebelles sud-soudanais.Le Soudan est plongé depuis avril 2023 dans une guerre civile opposant les Forces armées soudanaises, dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, aux Forces de soutien rapide du général Mohamed Hamdane Dagalo. Ce conflit, qui a provoqué une crise humanitaire majeure et des déplacements massifs de populations civiles, a fait au moins 23 000 morts et 33 000 blessés, annonçait l'ONU en septembre 2024.