À la veille de l’examen au Sénat d’une proposition de loi visant à encadrer l’industrie de la fast fashion, l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, désormais conseiller du géant chinois Shein, suscite une vive polémique.Cette législation, adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale en mars 2024, cherche à réduire l’impact environnemental du secteur textile en imposant un système de bonus-malus et des restrictions publicitaires visant les plateformes étrangères comme Shein, accusées de surproduction et de pratiques sociales controversées.Castaner, lobbyiste pour la Chine ?La nomination de Castaner au sein d’un comité consultatif de responsabilité sociétale (RSE) de Shein, fin 2024, a ravivé les critiques, beaucoup y voyant une tentative de greenwashing et de lobbying pour freiner cette loi. Christophe Castaner, via sa société Villanelle Conseil, affirme que son rôle se limite à un accompagnement stratégique, niant toute activité de lobbying.Il défend Shein, soulignant que l’entreprise, avec ses 23 millions de clients en France en 2024, « démocratise la mode » et répond à une demande populaire. Pourtant, des associations comme Les Amis de la Terre ont saisi la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), pointant des irrégularités dans les déclarations de Shein et de Villanelle Conseil.Ces soupçons sont alimentés par le recrutement d’autres figures politiques, comme Nicole Guedj et Bernard Spitz, dans le même comité, renforçant l’image d’une stratégie d’influence orchestrée. Le secteur textile français, déjà fragilisé, s’indigne de cette proximité entre un ancien ministre et une entreprise critiquée pour son impact environnemental et ses conditions de travail.La loi, initialement soutenue par le gouvernement, a vu son ambition réduite en commission sénatoriale, notamment par la suppression de mesures clés comme l’interdiction de la publicité pour la fast fashion. Ce recul, perçu comme un succès pour Shein, interroge sur l’influence des lobbies dans un contexte où la France cherche à protéger son industrie face à la concurrence étrangère.