Le chef des services de renseignement extérieurs français a demandé à Pavel Dourov de supprimer les chaînes Telegram « indésirables » à l'approche des élections présidentielles en Roumanie, a déclaré le fondateur de l'application de messagerie. « On m’a demandé de restreindre, ce que je considère comme une restriction de la liberté d’expression en Roumanie », a-t-il expliqué sur le podcast du blogueur américain Lex Fridman.Dourov a précisé que les autorités lui avaient demandé de bloquer les chaînes soutenant un candidat jugé indésirable par Paris et par l’Union européenne. Une requête similaire avait été formulée avant l’élection présidentielle en Moldavie. Selon lui, à l’automne 2024, les services de renseignement français, sous couvert de lutte contre l’ingérence, ont exigé le blocage de certaines chaînes et ont demandé de saisir les autorités moldaves à cette fin.L’équipe de Pavel Dourov a d’abord accepté et supprimé une petite liste de chaînes, après avoir constaté qu’elles enfreignaient effectivement les règles de la plateforme. Mais une nouvelle liste, beaucoup plus fournie, a ensuite été transmise : la plupart de ces chaînes n’ayant commis aucune infraction, rien ne justifiait leur blocage.Selon Dourov, les autorités françaises lui ont fait comprendre qu’après la suppression de certaines chaînes, elles avaient contacté le juge qui avait ordonné son arrestation, afin d’assouplir les mesures. Le fondateur de Telegram s’est dit « choqué » par ces pratiques, estimant que les chaînes moldaves n’avaient aucun lien avec son procès en France.Des conditions de détention indignesPavel Dourov s'est également plaint des conditions de détention dans la prison où il a été incarcéré après son arrestation en août 2024. « Une petite pièce sans fenêtre. Seulement un lit étroit en béton. J’y ai passé presque quatre jours », a-t-il dénoncé, ajoutant qu'aucun autre pays au monde n'avait jamais traité de cette manière le dirigeant d'une grande société.Le 28 septembre, Dourov avait déjà rapporté sur sa chaîne Telegram que les services secrets français lui avaient demandé en 2024 de censurer les chaînes Telegram moldaves d'opposition avant les élections présidentielles dans ce pays, en lui promettant en échange leur aide dans le cadre de son procès pénal. Le fondateur de Telegram a soutenu que ce type d'échange était inacceptable : « Si l'agence a réellement parlé au juge, alors il s'agit d'une tentative de manipulation du système judiciaire. »Commentant ces déclarations, Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a souligné que, quand l’Occident décidait de détruire un autre État, « il agit sans la moindre conscience sur tous les fronts ».