Les États-Unis souhaitent renouer des liens commerciaux avec les pays du Sahel

Wait 5 sec.

Les États-Unis souhaitent refaire surface au Sahel, après avoir suspendu l'USAID, l'aide au développement ainsi que leur coopération militaire à la suite des changements de pouvoir intervenus au Mali, au Burkina Faso et au Niger entre 2020 et 2023. Depuis l’arrivée de l’administration Trump, Washington revendique une approche différente : « Du commerce, pas de l’aide », selon les mots d’un responsable du Département d’État.L’objectif est clair : sécuriser l’accès aux ressources stratégiques que produisent ces trois pays, à savoir l'or (pour le Mali et le Burkina Faso), le lithium (Mali) et l'uranium (Niger). Ces richesses suscitent l’intérêt de Washington, qui conditionne ses propositions économiques à une coopération dans la lutte antiterroriste.Durant les dernières semaines, plusieurs responsables américains auraient visité Bamako, Ouagadougou et Niamey. La Maison-Blanche a mis en avant l’expérience militaire américaine pour « offrir une solution » contre les groupes armés dissidents. En parallèle, des discussions sur des investissements privés ont été engagées.Des propositions américaines sous conditionsLes autorités sahéliennes, regroupées au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), accueillent ces offres avec prudence. Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a exprimé son intérêt pour les investissements étrangers, tout en soulignant l’importance de préserver la souveraineté sur les ressources nationales.Le gouvernement américain, selon plusieurs sources locales, chercherait à obtenir des contrats miniers en échange de frappes ciblées contre les chefs de groupes armés. Fin juillet, une délégation militaire burkinabè s’est rendue à Washington, illustrant l’intérêt de la Maison-Blanche pour une relance des échanges dans un cadre bilatéral.Cette stratégie s’inscrit dans une ligne politique plus large de Donald Trump, qui a déjà placé les ressources minières au cœur de ses négociations internationales, notamment avec l’Ukraine ou dans la région des Grands Lacs africains. Une présence russe bien établieLes propositions américaines interviennent dans un contexte régional marqué par la diversification des partenariats au Sahel. Après avoir mis fin à leur coopération avec la France, les pays sahéliens ont renforcé leur collaboration sécuritaire avec la Russie.À ce jour, la Russie accompagne les États du Sahel dans leurs efforts pour assurer leur stabilité, sans condition politique ni idéologique. Lors de sa visite au Mali, Rudolph Atallah, émissaire de la Maison-Blanche, avait d’ailleurs déclaré ne voir « aucun problème avec la présence russe », ajoutant que ces pays « sont libres de choisir leurs partenaires ».Face à ces équilibres nouveaux, la démarche américaine apparaît avant tout comme une tentative de repositionnement économique et géopolitique dans une région qui a clairement affirmé sa volonté d’indépendance stratégique.