Une note intitulée « l’immigration tunisienne en France, une croissance rapide qui pose question », de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID), reprise ce 23 août par le journal Le Figaro indique que l’immigration tunisienne en France a connu la plus forte hausse de tous les pays du Maghreb en 20 ans.La même source indique que l’immigration tunisienne en France a été « deux fois plus rapide que celle des immigrés algériens », mais aussi qu’elle peinait à s’accompagner d’une intégration économique pérenne, faisant état de difficultés notables d’intégration sur le marché du travail. Le document accuse aussi la Tunisie de mauvaise coopération pour récupérer ses ressortissants en situation irrégulière en France.À ce propos, le quotidien français cite les propos du directeur de l’OID, Nicolas Pouvreau-Monti, qui a affirmé que si « la France a facilité les voies d’intégration régulière avec la Tunisie par le biais d’accords, cette augmentation de titres de séjour devait se faire en contrepartie d’un contrôle sur l’immigration irrégulière. Mais le compte n’y est pas ». Il est à noter que le rapport ne présente pas de statistiques fiables sur cette question.« La plus forte progression parmi les pays du Maghreb »Exposant l’historique de l’immigration tunisienne vers la France depuis l’indépendance de la Tunisie en 1956, la note a indiqué qu’au bout de 70 ans les immigrés originaires de ce pays constituaient la 4ᵉ communauté immigrée en France, après l’Algérie, le Maroc et le Portugal et que leur nombre était de 347 000 en 2023. Ce nombre a augmenté de 52,6 % entre 2006 et 2023, « ce qui en fait la plus forte progression parmi les pays du Maghreb, presque deux fois plus rapide que le nombre d’immigrés algériens ». Quant aux nouveaux titres de séjour accordés aux Tunisiens, ils constituaient le triple de ceux accordés aux Algériens, indique la note.Difficultés d’intégrationPour démontrer les « difficultés notables d’intégration » des Tunisiens, la note de l’OID cite des chiffres de l’INSEE, selon lesquels 34,8 % des étrangers tunisiens, âgés de 15 ans et plus, n’étaient ni en emploi, ni en études ni à la retraite en 2022 – contre 12,6 % des Français. Et près de 40 % des immigrés tunisiens et marocains n’avaient aucun diplôme ou un niveau brevet, contre 13,5 % des personnes sans ascendant migratoire.Selon Nicolas Pouvreau-Monti, « si les difficultés d’intégration économique valent très largement pour les Algériens et les Marocains, ces difficultés sont d’autant plus notables dans le cas de la Tunisie, alors que c’est pourtant avec elle que la France a voulu développer une immigration de travail. Mais sans contrepartie apparente ».Concernant les accords entre la France et la Tunisie en matière d’immigration, le rapport pose, en conclusion la question « de leur maintien, au regard du relatif échec dans la volonté du rééquilibrage de l’immigration ».Pour l’heure, les autorités tunisiennes n’ont encore émis aucun commentaire sur cette note.Il convient de noter que l’Observatoire de l’immigration et de la démographie est un think tank français créé en 2020. Il se positionne comme une source d'analyse sur les flux migratoires et les questions démographiques, en s'appuyant sur les statistiques publiques et les travaux de chercheurs.