La délégation du FMI, conduite par Edward Gemayel, a séjourné une semaine dans la capitale sénégalaise pour examiner les déséquilibres révélés par la Cour des comptes et confirmés par un audit indépendant. Selon Forvis-Mazars, la dette du gouvernement central, initialement évaluée à 74,4 % du PIB en 2023, atteignait en réalité 111 %, avant de grimper à 118,8 % fin 2024 en raison de passifs jusque-là non comptabilisés.Les discussions ont porté sur la transparence budgétaire, la centralisation de la gestion de la dette et le renforcement du Comité national de la dette publique. Le FMI a également insisté sur la nécessité d’achever l’audit des arriérés de paiement et de consolider le Compte unique du Trésor. « Les autorités sénégalaises montrent une volonté claire d’assainir la gestion publique », a déclaré Edward Gemayel, soulignant l’importance des réformes structurelles envisagées.Cette mission intervient dans la foulée du lancement, le 1er août, du Plan de redressement économique et social présenté par le Premier ministre Ousmane Sonko aux côtés du président Bassirou Diomaye Faye. Pensé comme la première étape de la Vision 2050, ce plan vise à corriger un déficit réel estimé à 14 % du PIB et une dette avoisinant 119 %.Un cadre de réformes axé sur quatre prioritésLe programme, fondé à 90 % sur des ressources internes (5 667 milliards de FCFA sur 2025-2028), prévoit des recettes fiscales additionnelles, la mobilisation d’actifs publics et des financements alternatifs non adossés à l’endettement. Il met également en avant de nouvelles formes de fiscalité – numérique, verte et bleue – ainsi qu’une meilleure valorisation du foncier.Le FMI s’est dit disposé à accompagner Dakar dans la conception d’un cadre de réformes axé sur quatre priorités : la transparence, la relance des secteurs stratégiques, l’équité sociale et la résilience climatique.Sur le plan macroéconomique, malgré des déséquilibres notables, la croissance s’est accélérée à 12,1 % au premier trimestre 2025 grâce à l’entrée en production des champs pétroliers et gaziers de Sangomar et GTA. En revanche, la croissance hors hydrocarbures reste limitée à 3,1 %, freinée par la faiblesse des secteurs de la construction et de la chimie. L’inflation demeure contenue à 0,7 %.Durant son séjour, la mission du FMI a rencontré plusieurs responsables gouvernementaux, dont Cheikh Diba, ministre des Finances et du Budget, Ahmadou Al Aminou Lo, ministre d’État auprès du président, et Boubacar Camara, secrétaire général du gouvernement, ainsi que divers acteurs institutionnels.