Prostitution des mineurs en France : l’aide sociale à l’enfance encore éclaboussée

Wait 5 sec.

Les témoignages se suivent et se ressemblent. Dans un reportage diffusé le 6 novembre sur M6, Inès confie avoir été entraînée dans l’engrenage de la prostitution « deux-trois jours » seulement après être arrivée dans un foyer de l’aide sociale à l’enfance (ASE) où elle avait été placée à la suite de violences familiales. « Je ne connaissais rien au sexe, elle me fait comprendre que si on ne le fait pas on aura des problèmes », confie-t-elle notamment à la caméra.Alors âgée de 11 ans, le calvaire d’Inès va durer quatre ans, « jusqu'à ce que la police arrête ses proxénètes », a relaté la chaîne d’information qui évoque une « liberté de mouvement déconcertante » de la mineure dans les différents foyers des Bouches-du-Rhône qu’elle a fréquentés. « On pouvait sortir à 1h du matin, on rentrait à 7h du matin », a notamment déclaré Inès.« Les enfants se prostituent parce qu’ils ont été placés. Aucun enfant dont nous avons la défense, aucun enfant ne se prostituait avant », a dénoncé auprès de M6 maître Michel Amas, présenté comme étant « en charge de plusieurs dizaines de dossiers de prostitution de mineurs ».« Au lieu de dire, "l’enfant est sous l’emprise d’un réseau de pédophilie qui la prostitue", ils disent – systématiquement – "l’enfant est en fugue" et ça inverse la responsabilité », a fustigé l’homme de loi. « Celui qui est responsable, c’est cette enfant qui est en fugue, ce n’est pas eux qui ont échoué dans la protection de l’enfance », a-t-il poursuivi, dénonçant l’attitude des pouvoirs publics sous la tutelle desquels se trouvent les foyers de l’ASE.Prostitution des mineurs en France : au moins 15 000 jeunes victimes« C’est vrai que c’est connu que des jeunes sont approchés aux abords de foyers qui sont repérés comme des foyers d’adolescents », a pour sa part confié Isabelle Santiago, députée socialiste du Val-de-Marne, toujours auprès de M6. Cette élue, co-auteure d’un rapport sur les manquements des politiques publiques de protection de l'enfance, a pointé du doigt un retard « considérable » de la France dans la lutte contre ce fléau. De fait, 15 000 mineurs seraient exploités par des réseaux de prostitution, en France, a rappelé la chaîne privée.Début mai, RMC diffusait le témoignage d’Ilona, contrainte à la prostitution alors qu’elle n’a que 12 ans. Elle aussi avait été confiée à l’ASE à Marseille, elle aussi relatait qu’une fille plus âgée était venue la voir dans les jours qui avaient suivi son arrivée en foyer. « Ils entendaient qu’on se prostituait, ils n’ont rien fait », a-t-elle accusé le personnel du centre où elle était placée.« Ils m’ont garanti qu’ils protégeraient mon enfant, ils l’ont jeté dans la gueule du loup, Ilona n’est pas la première : la prostitution existe dans des foyers depuis très longtemps », confie aux journalistes Sophie, la mère d’Ilona. «­ Ce n’est pas acceptable qu’une petite fille de 12 ans qui se prostitue, et ce n’est pas acceptable quand cette petite fille de 12 ans il y en a des centaines », a déclaré maître Michel Amas, avocat d’Ilona et de sa mère. Celui-ci a déposé des recours pour « fautes en responsabilité » à l’encontre des conseils départementaux de l’Essonne, des Yvelines et des Bouches-du-Rhône.