Le Hamas face à un tournant. Près de deux décennies après son ancrage à Gaza, le mouvement palestinien fait face à une pression inédite pour se dissocier de la bande, dans le cadre d’un cessez-le-feu avec Israël. Cette pression externe se double d’un dilemme interne : comment survivre politiquement sans Gaza ?Né en 1987, après la première intifada, il a survécu à des assassinats, des sièges et à une guerre meurtrière de plus de deux ans. Sa structure militaire et administrative résiste encore aujourd’hui. Acceptant la libération simultanée des otages israéliens et un contrôle israélien temporaire sur Gaza, il cède du terrain, bien que les frappes israéliennes restent possibles sous des clauses ambiguës du plan Trump.Ce plan, basé sur des étapes et la médiation, dépend de trois enjeux : le désarmement du Hamas, la gouvernance post-guerre et le retrait israélien, dont l’évolution scellera son sort. Le Hamas, qui a supplanté le Fatah après 2005 et évolué après la prise de contrôle de Gaza en 2007, aborde un tournant décisif.S’il perd Gaza, il pourrait se diviser – selon certains analystes – entre un courant pragmatique cherchant une opposition politique et une ligne dure refusant le désarmement, mais risquant de facto un scénario à la libanaise, avec des bombardements continus sur le territoire palestinien. Le premier scénario, perçu comme un « piège d’Oslo », pourrait lui rendre une légitimité politique aux yeux des puissances occidentales, tandis qu’un refus du désarmement consoliderait sa posture de mouvement de résistance face à l’occupation israélienne.Ses soutiens – le Qatar (pragmatisme), la Turquie (refuge), l’Égypte (contrôle), l’Iran (militaire) – pourraient influencer cette transition. Khalil al-Hayya pourrait guider cette mutation, passant de la gouvernance à une opposition négociée, tout en préservant une légitimité paradoxale. Le Hamas se retrouve face à un dilemme : accepter un plan Trump défavorable, en quittant la bande de Gaza pour un pays tiers, ou poursuivre la résistance armée au risque de compromettre la fragile trêve.Sa mutation pourrait façonner le nationalisme palestinien dans l’après-guerre.