Le Drian à Beyrouth : une nouvelle visite pour rien ?

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Jean-Yves Le Drian est revenu à Beyrouth pour son troisième séjour depuis l’élection présidentielle libanaise de janvier 2025. L’émissaire spécial de l’Élysée entend maintenir la pression afin d’encourager les autorités à avancer sur les réformes et, surtout, sur le chantier hautement sensible du désarmement du Hezbollah, considéré comme un préalable indispensable pour éviter une nouvelle guerre que Tel-Aviv pourrait justifier au moindre retard.Paris apporte aussi son appui à la récente nomination de l’ex-ambassadeur Simon Karam, chargé de représenter le Liban au sein du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu.Des divisions entre Paris et WashingtonSelon des sources diplomatiques, Le Drian participe également aux préparatifs d’une importante conférence internationale de soutien à l’armée. Une réunion préliminaire devrait avoir lieu à Paris avec les émissaires américains Morgan Ortagus et Yazid ben Farhane, ainsi qu’avec le chef de l’armée, Rodolphe Haykal.Baabda a confirmé que les discussions incluent la situation dans le Sud, les réformes internes et les modalités de cette future conférence. Le Drian a aussi rencontré le ministre des Affaires étrangères Joe Raggi.Cependant, la nomination d’un civil au mécanisme a suscité la colère du Hezbollah. Naïm Kassem a dénoncé une « concession gratuite à Israël », tandis que le parti répète refuser tout élargissement du mandat au-delà du Sud-Litani. Le Drian n’a prévu aucun entretien direct avec ses principaux représentants, bien que les canaux habituels restent ouverts. Le Hezbollah insiste pour que Paris exerce des pressions sur Israël afin qu’il respecte le cessez-le-feu.Jusqu’au 10 décembre, l’émissaire français doit rencontrer Nabih Berry, le Premier ministre Nawaf Salam, ainsi que plusieurs leaders politiques, dont Samir Geagea, Samy Gemayel et Walid Joumblatt. Les discussions porteront également sur l’après-Finul, alors que le retrait des Casques bleus est prévu fin 2026. Parmi les pistes envisagées figure la création d’une nouvelle force internationale chargée de superviser le cessez-le-feu.Quant à la conférence d’aide à l’armée, son succès dépendra notamment de l’engagement américain et saoudien. Riyad, plus ouvert qu’il y a quelques semaines, souhaite néanmoins des preuves concrètes des progrès du désarmement, évaluées de manière chiffrée par la Finul.