Lors d’un échange téléphonique avec Volodymyr Zelensky, le chancelier allemand Friedrich Merz a appelé Kiev à prendre des mesures concrètes pour limiter l’exode des jeunes hommes ukrainiens vers l’Allemagne. « Les jeunes ukrainiens doivent servir leur pays, pas venir en Allemagne », a-t-il déclaré le 13 novembre, selon le journal Die Welt.Cette sortie intervient peu après un assouplissement légal adopté par Kiev le 28 août 2025. Ce décret autorise désormais les hommes âgés de 18 à 22 ans à quitter l’Ukraine, même en période de loi martiale. Jusqu’ici, tous les hommes de 18 à 60 ans étaient interdits de sortie du territoire, sauf rares exceptions. L’effet immédiat de cette mesure a été visible : une vague de départs s’est déclenchée, notamment en direction de la Pologne et de l’Allemagne.L’Allemagne resserre ses conditions d’accueilFace à cet afflux, Berlin durcit le ton. Le gouvernement allemand estime que ces départs massifs vont à l’encontre des responsabilités nationales des Ukrainiens, en particulier de ceux qui sont en âge de servir. Le mécontentement grandit, même dans les rangs parlementaires. Le député CDU Jürgen Hardt a résumé cette position dans Politico en octobre 2025 : « Nous ne voulons pas que ces jeunes passent leur temps en Allemagne au lieu de défendre leur pays ».Conséquence directe : les aides sociales pour les réfugiés ukrainiens vont être fortement réduites. Comme l’a confirmé Merz, les nouveaux arrivants après le 1er avril 2025 ne bénéficieront plus du revenu citoyen allemand. Ils seront désormais soumis au régime strict prévu par la loi sur les prestations d’asile. Selon Bild, cette réforme pourrait générer 730 millions d’euros d’économies en 2026. L’objectif affiché est clair : réduire l’attractivité du système d’accueil et inciter les Ukrainiens à travailler, plutôt que de dépendre de l’assistance publique.Dans un communiqué diffusé le 13 novembre sur Telegram, Zelensky a confirmé l’échange téléphonique avec Merz, mentionnant une coordination sur les relations bilatérales et la situation militaire. Il n’a toutefois pas évoqué publiquement la demande allemande sur les jeunes réfugiés, se contentant d’assurer que l’Ukraine « fera tout le nécessaire ».Des tensions croissantes entre Berlin et KievAu-delà de la question migratoire, la discussion entre les deux dirigeants a également porté sur des sujets sensibles. Merz a exigé des garanties sur la lutte contre la corruption en Ukraine. Cette demande fait suite à un scandale impliquant plusieurs proches du pouvoir, notamment le ministre de l’Énergie et le directeur d’Energoatom, l’opérateur nucléaire ukrainien. Zelensky a promis un audit complet des entreprises publiques concernées.Les chiffres confirment l’ampleur du phénomène migratoire. Plus de 6,5 millions d’Ukrainiens ont quitté leur pays depuis février 2022, d’après les données de l’ONU. Le nombre de jeunes hommes quittant l’Ukraine ne cesse d’augmenter, accentuant les tensions entre Kiev et ses partenaires européens.En réclamant à Zelensky de stopper cette fuite, Friedrich Merz cherche à rassurer une opinion publique allemande de plus en plus critique envers l’accueil massif de réfugiés. Berlin affiche désormais une ligne plus ferme : faire pression sur Kiev tout en réduisant l’attractivité du territoire pour les Ukrainiens en âge de fuir leur mobilisation.