Gaza : un «génocide» en cours, une famine organisée ?

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À un moment où les opérations militaires israéliennes se poursuivent dans la bande de Gaza, une autre guerre des mots fait rage partout ailleurs dans le monde. Les termes de « génocide » et de « famine » à Gaza ne cessent de défrayer la chronique dans les médias et sur les réseaux sociaux, approuvés par les uns, réfutés par les autres. Les instances juridiques internationales n’ont toujours pas clairement tranché sur la question, mais qu’en est-il des faits sur le terrain et des déclarations des dirigeants et des spécialistes de ces questions ?Pour Netanyahou, « il n’y a pas de famine à Gaza », vraiment ?Lors d’un discours, ce 28 juillet, Benjamin Netanyahou a déclaré que la « campagne de famine à Gaza » ne serait qu’un « mensonge éhonté », affirmant qu’« il n’y a pas de famine à Gaza. Nous permettons à l’aide humanitaire d’entrer à Gaza pendant toute la durée de la guerre ».Les propos du Premier ministre israélien n’ont pas trouvé de crédit (pour une fois) auprès du président américain, qui a déclaré aux journalistes, lors de sa rencontre avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, qu’il n’était « pas spécialement d’accord » avec Netanyahou. Interrogé par une journaliste sur ce discours, Trump a répondu : « Je ne sais pas. D’après ce que je vois à la télévision, je dirais que non, car ces enfants ont l’air très affamés. Mais nous donnons beaucoup d’argent et beaucoup de nourriture, et d’autres pays se mobilisent désormais. »Pour Ahmed Al-Najjar, journaliste et militant humanitaire sur le terrain, des milliers de cargaisons d'aide ont été endommagées en raison des retards d'autorisation d'entrée à Gaza. Il accuse l’armée israélienne d’avoir détruit une partie de ces ressources. « Nous avons appris, au cours des dernières 48 heures, que plus d’un millier de camions transportant une aide vitale sont arrivés à expiration à cause de retards persistants », a-t-il déclaré à RT, pointant également la responsabilité des forces israéliennes qui « ont endommagé ces camions censés entrer et venir en aide à plus de deux millions de personnes souffrant de la faim ici, [à Gaza] ».Deux ONG israéliennes concluent à un génocideLes ONG israéliennes B’Tselem et Physicians for Human Rights - Israel ont conclu, ce 28 juillet, après 20 mois d’enquête et de compilation de témoignages, de statistiques ainsi que de déclarations de dirigeants israéliens, qu’Israël commettait un « génocide » dans la bande de Gaza. Yuli Novak, directrice exécutive de B’Tselem, a déploré, lors d’une conférence de presse, que « rien ne vous prépare à réaliser que vous faites partie d’une société qui commet un génocide. C’est un moment profondément douloureux pour nous ». Elle a affirmé que le travail de son organisation avait mené à « la conclusion sans équivoque qu’Israël mène une action coordonnée visant à détruire intentionnellement la société palestinienne dans la bande de Gaza ».L’organisation Physicians for Human Rights a accusé Israël, par voie de communiqué commun avec B’Tselem, du « démantèlement délibéré et systématique du système de santé de Gaza », concluant que ces actions à Gaza « répondent aux critères de génocide tels que définis dans la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, dont Israël est signataire ».« Pas d’alternative » à la solution à deux ÉtatsEmmanuel Macron a annoncé que la France reconnaîtrait officiellement l'État de Palestine en septembre, dans une initiative visant à promouvoir la solution à deux États, refusée par Israël. Une conférence sur la promotion de la coexistence pacifique entre Israël et la Palestine, coprésidée par Riyad et Paris, a débuté ce 28 juillet et devrait se poursuivre jusqu’au 30. Une source diplomatique française a déclaré que la solution à deux États est « plus menacée qu'elle ne l'a jamais été (mais qu’elle est) encore plus nécessaire qu'avant, car nous voyons très clairement qu'il n'y a pas d'alternative ».Pour le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, « cette guerre qui a trop duré doit cesser, les armes doivent se taire et laisser la place à un cessez-le-feu immédiat et durable ». Il a aussi ajouté que les travaux de la conférence « serviront de boussole à l’ensemble de la communauté internationale pour tracer un chemin politique irréversible vers la mise en œuvre de la solution des deux États ».