Des millions de Français privés de vacances : une fracture sociale persistante

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En 2025, alors que les aoûtiens succèdent aux juillettistes sur les routes des vacances, près de 40 % des Français, soit environ 26 millions de personnes, resteront chez eux, selon le Crédoc. Ce chiffre, stable depuis 30 ans, révèle une fracture sociale profonde. Seuls 42 % des ménages gagnant moins de 1 285 € par mois partent en vacances, contre 76 % pour ceux disposant de plus de 2 755 €.Une inégalité qui perdureCette inégalité, structurelle, touche particulièrement les ouvriers (47 % de départs) comparés aux cadres supérieurs (78 %), mais aussi les mères célibataires, confrontées à des contraintes financières et organisationnelles. Le coût des vacances – transport, hébergement, activités – représente un obstacle majeur pour les foyers modestes. Selon l’Insee, 15,4 % de la population, soit 9,8 millions de personnes, vivait sous le seuil de pauvreté en 2023, un record en 30 ans. Parmi eux, 56 % des enfants des foyers les plus pauvres ne partent jamais, contre 73 % dans les familles aisées.Ces 2 millions d’enfants privés de dépaysement restent cantonnés à leur quotidien, loin des souvenirs de plage ou de voyages vantés sur les réseaux sociaux, amplifiant leur sentiment d’exclusion. Un phénomène sur lequel la députée LFI Aurélie Trouvé alertait déjà il y a un an. Pourquoi nous battons-nous autant pour que @EmmanuelMacron laisse le NFP gouverner ?Pour changer la vie des gens ! Les salaires ont baissé. 4 français sur 10 ne peuvent pas partir en vacances. La rentrée scolaire s'annonce toujours aussi chère. Aucun des problèmes n'est réglé. pic.twitter.com/I2docCMiRh— Aurélie Trouvé (@TrouveAurelie) August 19, 2024Les personnes en situation de handicap font face à des freins supplémentaires : faibles revenus, besoins spécifiques et manque d’accessibilité limitent leurs départs à 60 %.Les seniors, bien que partant plus qu’avant (47 % des plus de 70 ans en 2014), réduisent leurs déplacements depuis la crise sanitaire. Pour les plus modestes, seul un hébergement gratuit chez des proches ou une aide des comités d’entreprise permet parfois de partir. Face à cette situation, des initiatives comme les Journées à la mer du Secours populaire offrent un répit à quelques familles.Mais le Collectif Alerte alarme : la hausse inédite de la pauvreté, exacerbée par la fin des aides post-Covid et la faible revalorisation des prestations sociales, appelle une stratégie nationale. Parmi les propositions : relancer les colonies de vacances, renforcer l’aide alimentaire et renoncer aux mesures aggravant la précarité, comme les restrictions au RSA. Sans action, les vacances, droit fondamental, resteront un luxe pour des millions de Français.