Syria: Syrie: des changements majeurs s’imposent en matière de sécurité et de transition politique, exhorte l’Envoyé spécial devant le Conseil de sécurité

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Country: Syrian Arab Republic Source: UN Security Council 9967e séance – matinCS/16130Les récents affrontements à Soueïda, dans le sud de la Syrie, ont mis en lumière l’instabilité persistante du pays, exacerbée par des violences intercommunautaires, des interventions étrangères et une crise humanitaire sans précédent, ont souligné, ce matin au Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial du Secrétaire général et la Directrice de la Division des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).À l’entame de cette séance d’information mensuelle consacrée à la Syrie, Mme Edem Wosornu a signalé qu’environ 175 000 personnes auraient été déplacées dans cette seule région. Sans se décourager, les membres du Conseil et les autres intervenants ont exprimé leur souhait de voir s’instaurer une transition inclusive et ont plaidé pour une protection des civils et une réponse humanitaire renforcées ainsi que pour la levée des sanctions et le maintien du cessez-le-feu.En Syrie, des changements majeurs s’imposent en matière de sécurité et de transition politique, a déclaré l’Envoyé spécial Geir Otto Pedersen en décrivant des Syriens ahuris de subir de telles violences à Soueïda ainsi qu’une intervention étrangère inacceptable. Il a cité des enlèvements, des affrontements armés locaux, des exécutions extrajudiciaires, des traitements dégradants, la profanation de cadavres, des pillages et la destruction de biens, ainsi que la propagation généralisée de désinformation et d’incitations à la violence sur la base de la religion.Il a parallèlement noté le déploiement de forces de sécurité syriennes à Soueïda afin de mettre fin aux combats et de rétablir l’ordre. Mais ces forces de sécurité ont été attaquées par des groupes druzes, tandis que des civils druzes auraient subi des violations de la part desdites forces. Les affrontements ont fait des centaines de morts et de blessés parmi les forces de sécurité, les combattants druzes et les civils, s’est désolé le haut fonctionnaire en constatant l’échec du cessez-le-feu qui devait permettre l’intervention des forces de sécurité syriennes.De plus, alors que les combats faisaient rage, des frappes israéliennes ont visé les forces de sécurité syriennes ainsi que des éléments armés bédouins situés à Soueïda et au palais présidentiel à Damas, faisant des victimes parmi les civils et les forces de sécurité. Le déplacement, en conséquence, de 175 000 personnes s’est traduit par des besoins humanitaires accrus. L’Envoyé spécial a condamné ces violations et les frappes dangereuses menées par Israël à Soueïda et à Damas.Également préoccupé par les exécutions sommaires, les enlèvements, les destructions de biens privés et les pillages de maisons par des membres des forces de sécurité et des personnes affiliées aux autorités, ainsi que des Druzes et des Bédouins, M. Pedersen a souligné la déclaration du Ministère de la défense et de la Présidence syrienne qui les ont condamnés et qui s’engagent à ce que leurs auteurs soient jugés. Informé du travail de la commission d’enquête et d’établissement des faits sur les événements survenus sur la côte, il a exhorté les autorités à le publier et à garantir que justice soit rendue aux victimes. Tous les auteurs doivent rendre des comptes, a-t-il insisté.Sans une base politique large, difficile d’éviter l’aggravation du conflitVenant à la transition politique en Syrie, l’Envoyé spécial a prôné un processus politique inclusif fondé sur la résolution 2254 (2015), invitant à développer un programme clair de réforme du secteur sécuritaire, de désarmement et de justice transitionnelle. Selon lui, le prochain scrutin pour élire l’Assemblée populaire sera un test de pluralisme et d’inclusion politique. Notant que beaucoup de Syriens continuent de soutenir largement l’approche des autorités, il a souligné toutefois leurs inquiétudes quant à la centralisation du pouvoir, au manque de transparence, à la faiblesse des mécanismes de contrôle et à l’insuffisance des moyens permettant une véritable participation et surveillance publiques.Si elles ne sont pas prises en compte, a-t-il prévenu, ces préoccupations risquent d’aggraver le sentiment d’exclusion et de saper la confiance dans la transition et, en fin de compte, dans un avenir national commun. La prochaine élection d’une assemblée populaire devra être l’occasion d’ancrer un véritable pluralisme et une véritable responsabilité dans le système politique de transition en Syrie. Tous les principaux groupes et composantes syriens doivent être pleinement inclus en tant qu’électeurs et candidats, avec la participation des femmes.Sans une large base politique, qui inclue toutes les composantes de la société syrienne, un conflit plus profond est presque inévitable, a averti M. Pedersen. Outre un dialogue sincère et de vrais compromis, il a souligné l’importance d’une aide active de la part de la communauté internationale pour soutenir le processus de transition politique. Celui-ci doit être véritablement inclusif, mené et contrôlé par les Syriens. La transition politique syrienne ne peut tout simplement pas échouer, a-t-il décrété.L’engagement du Gouvernement syrienLe représentant de la Syrie a renouvelé l’engagement total de son Gouvernement à lutter tout d’abord contre le terrorisme. Nous menons tous les efforts nécessaires dans ce domaine, a dit le délégué condamnant également les agressions israéliennes répétées sapant les efforts syriens de relance et d’espoir. Le Conseil doit condamner ces attaques et exiger d’Israël qu’il se retire de toutes les terres syriennes occupées, conformément à ses propres résolutions, a-t-il prié avant de déclarer que le Gouvernement syrien condamne les événements sanglants ayant eu lieu récemment à Soueïda « qu’Israël a tenté d’exploiter politiquement ».Préoccupé par les discours de haine, les campagnes de désinformation et d’incitation à la violence diffusés sur les réseaux sociaux visant à diviser le peuple syrien, le représentant a annoncé que le rapport de la commission nationale indépendante sur les événements survenus en mars dans les zones côtières a été remis au Président Al-Sharaa et que les principales conclusions et recommandations ont été présentées lors d’une conférence de presse. Par ailleurs, la Haute Commission électorale a soumis au Président de la République une version finale du système électoral, alors que les élections du Conseil du peuple sont prévues pour septembre.Autre point que le représentant syrien a tenu à soulever: malgré le soutien diplomatique international et les résolutions adoptées, la Syrie continue de subir les effets des sanctions unilatérales. « L’ONU doit redoubler d’efforts pour alléger ces mesures injustes. »Les priorités sur le plan humanitaireAbordant la situation humanitaire en Syrie, qui s’aggrave, l’OCHA a formulé trois appels prioritaires. Le premier est la garantie d’un accès humanitaire durable dans les zones les plus touchées afin de protéger les civils situés dans les zones de combat, de sécuriser le travail des humanitaires et la situation des patients, et de préserver les services essentiels comme la santé, l’eau et l’électricité.Son deuxième appel porte sur le financement de la réponse humanitaire, jugé largement insuffisant puisque seuls 12% des 3,2 milliards de dollars requis pour 2025 ont été obtenus. Le troisième appel de l’OCHA vise à dépasser l’urgence humanitaire pour engager un véritable relèvement en vue d’un développement durable.Toutefois, le retour de plus de 2 millions de déplacés et réfugiés exerce une pression accrue sur les services publics, a expliqué Mme Wosornu avant de souligner la nécessité d’investissements durables en ce qui concerne la santé, l’éducation et les infrastructures. Elle a salué des signes positifs comme l’assouplissement de certaines sanctions, l’aide annoncée par la Banque mondiale pour l’électricité et le soutien croissant des pays voisins. Le Danemark a réitéré son aide de 100 millions de dollars à la Syrie annoncée à la conférence de Bruxelles en mai dernier.Malgré les menaces sécuritaires et l’environnement instable, la Syrie a permis l’accès à plusieurs zones, autorisant le transport de l’aide humanitaire, a déclaré son représentant informant que des convois ont été envoyés avec l’appui du Croissant-Rouge arabe syrien et en coopération avec les partenaires humanitaires internationaux.Les appels des États MembresLa Türkiye et l’Iran ont salué les efforts de la Syrie avant de dénoncer les sanctions qui frappent ce pays. Ils ont, avec d’autres délégations, appelé à un processus de dialogue et politique mené et dirigé par les Syriens eux-mêmes.Les frappes israéliennes en Syrie ont été condamnées avec véhémence par l’Algérie au nom des A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana) ainsi que par la Chine, l’Iran, la Tunisie (au nom du Groupes des États arabes), la Türkiye et la Russie. La France a fait de même en demandant la fin des interventions israéliennes. « Nous continuons de faciliter le dialogue entre Syriens et entre la Syrie et Israël afin de ramener le calme dans la région », ont annoncé pour leur part les États-Unis. Cette délégation ainsi que celle du Royaume-Uni ont dénoncé les violences et ont dit soutenir une transition inclusive dans le pays. Avec la Norvège, ils ont appelé au respect du cessez-le-feu, à la justice et à l’aide humanitaire.S’adressant aux membres du Conseil, la représentante américaine a déclaré qu’il devrait veiller à ce que les sanctions de l’ONU n’entravent pas les efforts syriens ou internationaux visant à reconstruire et à stabiliser le pays. « Ceux qui veulent investir ou apporter de l’aide ne devraient pas craindre les sanctions de l’ONU. » Par ailleurs, le Conseil ne devrait pas prendre à la légère les menaces d’Al-Qaida et de l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan (EIIL-K), a recommandé la délégation américaine en lui demandant de veiller à la mise en œuvre du régime de sanctions 1267. Le Conseil devra adapter ses sanctions afin que le Gouvernement syrien puisse l’emporter dans la lutte contre le terrorisme, a-t-elle conclu.À l’intention des organes d’information. Document non officiel.