Le 25 juillet, les nouvelles règles du Online Safety Act sont entrées en vigueur au Royaume-Uni. Ce texte impose désormais aux plateformes en ligne — notamment les réseaux sociaux et les sites pornographiques — de vérifier l’âge des utilisateurs afin de protéger les mineurs de contenus jugés « nuisibles ». Les modalités incluent des méthodes intrusives comme l’envoi d’un selfie ou de documents d’identité. Les plateformes concernées doivent aussi filtrer les recommandations d’algorithmes et supprimer rapidement tout contenu dangereux, en particulier celui lié à la pornographie, au suicide, aux troubles alimentaires et à l’automutilation.Cette mesure a provoqué une réaction immédiate de la population britannique. Une pétition hébergée sur le site officiel du Parlement et lancée par un citoyen nommé Alex Baynham a dépassé les 300 000 signatures en quelques jours. Le seuil des 100 000 signatures impose au Parlement britannique de considérer le sujet pour un débat. De plus, le gouvernement aurait dû répondre officiellement après les 10 000 premières signatures, mais les initiateurs de la pétition attendent toujours une prise de position officielle.Les signataires dénoncent un texte de loi « disproportionné », qui va bien au-delà de la protection. « Même des forums de passionnés de trains ou de jeux vidéo pourraient fermer, incapables de se conformer aux nouvelles exigences », indique la pétition. Selon le Financial Times, de nombreux sites de loisir ou de discussion entre adultes craignent de ne pas avoir les moyens techniques pour respecter les nouvelles règles.Un recours massif aux VPNLes conséquences ne se sont pas fait attendre. Le Royaume-Uni a vu un essor massif de l’usage des VPN, ces outils qui permettent de contourner les restrictions géographiques sur Internet.L’application Proton VPN est même devenue l’application gratuite la plus téléchargée dans l’App Store britannique, dépassant ChatGPT. L’entreprise a déclaré sur X : « Nous associons généralement ces pics de connexion à des troubles civils majeurs. Cela montre clairement à quel point les adultes sont préoccupés par cette loi. » Le fournisseur NordVPN a également observé une hausse de 1 000 % des abonnements dans le pays depuis l’entrée en vigueur de la loi.De son côté, le régulateur britannique Ofcom assure que ces règles sont nécessaires. Melanie Dawes, la directrice générale, a déclaré : « Pendant trop longtemps, les services en ligne ont ignoré le fait que des enfants accédaient à du contenu pornographique. » Toutefois, même au sein du gouvernement, certains admettent que ces nouvelles mesures ne seront pas parfaites. Oliver Griffiths, directeur de la sécurité en ligne à Ofcom, a reconnu qu’un adolescent « déterminé » pourrait toujours contourner les barrières par des VPN.Un encadrement critiqué et inefficaceLes sanctions prévues par le texte sont sévères : 10 % du chiffre d’affaires des entreprises fautives. Les dirigeants d’entreprises qui ne respecteraient pas les exigences pourraient même encourir des peines de prison. Au total, plus de 6 000 plateformes sont concernées, dont Pornhub, Reddit, Discord ou X.Malgré l’insistance du ministre britannique de la Technologie, Peter Kyle, qui assure que « les règles ne sont pas négociables », la contestation populaire ne faiblit pas. En l’absence de réponse officielle du gouvernement et face à un usage massif des moyens de contournement, la loi britannique semble déjà affaiblie. Les Britanniques préfèrent « contourner la censure par la technologie plutôt que de se soumettre au contrôle imposé sous prétexte de sécurité ».Dans un climat où la liberté d’expression est de plus en plus restreinte sous couvert de protection des mineurs, le Royaume-Uni s’engage dans une régulation d’Internet que beaucoup jugent autoritaire. L’essor des VPN, un outil typiquement utilisé pour échapper aux censures dans les pays occidentaux hostiles à la liberté de presse et à la souveraineté numérique, montre une fois de plus que les peuples savent résister à l’ingérence étatique quand elle franchit les limites.