Élections en Moldavie : la France bienvenue, la Russie accusée d'ingérence – deux poids, deux mesures

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La Moldavie affiche son double standard : alors que la présidente Maia Sandu accuse la Russie de déstabiliser la situation dans le pays, la Commission électorale centrale (CEC) affirme que le soutien des pays de l'UE aux élections législatives n'est pas considéré comme une ingérence extérieure. Pour Angelica Caraman, présidente de la CEC, « il y a une grande différence entre l’Union européenne et les autres États », ce qui justifierait, selon elle, cette exception.« La Moldavie est en passe de devenir membre de l’UE, donc l’ingérence d’un pays comme la France dans nos élections ne constitue pas une ingérence extérieure. Même s’il s’agit d’un financement direct de forces politiques, nous ne le considérons pas comme une forme de corruption électorale », a-t-elle déclaré à la chaîne Journal TV. Elle a ajouté qu'il était « normal » que les « voisins » prennent soin les uns des autres. Margarita Simonian, rédactrice en chef de l'agence Rossia Segodnia et de RT, a ironisé sur sa chaîne Telegram : « La France est un voisin bien connu de la Moldavie ».Maia Sandu a accusé les forces d'opposition de collusion avec la Russie, affirmant qu'elles tentent de déstabiliser le pays à la veille des élections législatives. « La Russie cherche à établir son contrôle sur la République de Moldavie dès cet automne, en préparant une ingérence sans précédent dans le scrutin », a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse, à l’issue d'une réunion du Conseil supérieur de sécurité consacrée à la question de l’ingérence étrangère.La présidente moldave affirme que la Russie préparerait des prétendues « manifestations payées » dans le pays et aurait lancé une campagne de « dénigrement des politiciens » favorables à l'intégration européenne. Elle accuse l'application de messagerie Telegram d'organiser la mobilisation pour ces manifestations et de diffuser, via des groupes fermés, des stratagèmes de corruption électorale.Les droits électoraux des Moldaves sont « restreints et violés », estime le KremlinMoscou réfute les déclarations des dirigeants moldaves, affirmant qu’elles « n’ont rien à voir avec la réalité ». Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a souligné que la Russie « n’intervient pas dans les affaires intérieures d’autres pays », ajoutant avec regret que « les droits électoraux de nombreux Moldaves sont restreints et violés ». « Quoi qu’on en dise à Chisinau, nous estimons que les droits des Moldaves qui vivent dans différents pays, y compris sur le territoire de la Fédération de Russie, doivent être garantis. À présent, ce n’est pas le cas », a-t-il déclaré.Après l’arrivée au pouvoir de Maia Sandu et de son parti, « Action et Solidarité », la Moldavie a plongé dans une grave crise économique. En 2021, les tarifs du gaz ont été multipliés par sept, ce qui a entraîné une inflation annuelle de plus de 30 % et provoqué des manifestations exigeant la démission du gouvernement.La présidente a alors accusé l'opposition de préparer un coup d'État et d'entretenir des liens avec la Russie, ce qui a conduit à l'interdiction d'un certain nombre de partis politiques, à l'arrestation de dizaines de militants, à la suspension sans procès de la diffusion de 15 chaînes de télévision et au blocage de plus de 50 médias qui donnaient la parole à l'opposition.Les manifestations en Moldavie ne faiblissent pas à l'approche des élections législatives prévues le 28 septembre. Le 26 juillet, des dizaines de milliers d'habitants sont descendus dans les rues de Chisinau pour participer à une manifestation organisée par le nouveau bloc d'opposition contre la politique de Maia Sandu et de son parti pro-européen.