Syrie : un cessez-le-feu précaire face aux violences intercommunautaires à Soueïda

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Depuis le 13 juillet, la province de Soueïda, dans le sud de la Syrie, est le théâtre de violents affrontements intercommunautaires entre Druzes, Bédouins sunnites et forces gouvernementales. Les troubles ont déjà fait près de 1 000 morts, dont 588 Druzes (326 combattants et 262 civils, dont 182 exécutés sommairement), 312 membres des forces gouvernementales et 21 Bédouins, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).Les combats, déclenchés par l’enlèvement d’un marchand druze, ont dégénéré en crise humanitaire, avec 87 000 déplacés, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). L’hôpital de Soueïda, seul établissement fonctionnel, a reçu plus de 400 corps, dont des femmes et des enfants, et manque de ressources, d’eau et d’électricité.Un cessez-le-feu plus qu'incertainLes habitants décrivent un « siège », avec des maisons et commerces incendiés, des pillages et des odeurs de corps carbonisés envahissant les rues. Le 19 juillet, la présidence syrienne a annoncé un cessez-le-feu « immédiat », sous médiation américaine, impliquant un accord entre le président intérimaire Ahmed al-Chareh et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.Les forces de sécurité syriennes se sont redéployées pour « protéger les civils et mettre fin au chaos », selon Noureddine al-Baba, porte-parole du ministère de l’Intérieur. Cependant, des affrontements sporadiques ont persisté, avec des tirs d’armes automatiques et des colonnes de fumée visibles dans la ville.Ce 20 juillet, le gouvernement a affirmé que les combats avaient cessé, les combattants tribaux ayant été évacués et les Druzes ayant repris le contrôle de Soueïda. L’UE et la France ont salué la trêve, appelant à un dialogue inclusif, mais des témoignages locaux dénoncent des violations, avec des menaces de « massacres » contre les Druzes.Les factions impliquées incluent les « Hommes de la Dignité », un groupe druze dirigé par Yahia al-Hussein, qui refuse tout accord sans retrait total des forces gouvernementales, accusées d’exécutions sommaires aux côtés des Bédouins. Ces derniers, soutenus par des tribus sunnites venues de Hama et Deir ez-Zor, comme celle d’Anas al-Enad, cherchent à venger des exactions druzes.Israël, se posant en protecteur des Druzes, a bombardé des cibles syriennes à Damas, forçant un retrait temporaire des forces d’al-Chareh pour éviter une « guerre ouverte ». Ces violences fragilisent le pouvoir intérimaire, en place depuis le départ de Bachar el-Assad en décembre 2024, et ravivent les fractures confessionnelles dans un pays marqué par 14 ans de guerre civile.