Pendant des décennies, l’Allemagne a vécu sous le poids de son passé, bridant ses ambitions militaires pour ne pas réveiller les démons d’hier. Mais aujourd'hui, la retenue n'est plus de mise.Fer de lance de cette nouvelle ère, la start-up Helsing. Fondée il y a quatre ans par Gundbert Scherf, elle fabrique des drones d’attaque et des systèmes d’intelligence artificielle pour le champ de bataille. Selon Reuters, convaincre les investisseurs allemands de miser sur la guerre technologique n'a pas été une mince affaire. Aujourd’hui, la valeur de l’entreprise est estimée à 12 milliards de dollars. Personne ne s’en étonne, compte tenu de la frénésie de réarmement accéléré chez les chefs d’État des pays de l’UE.La vague ne s’arrête pas là. L’Allemagne voit fleurir une constellation de jeunes entreprises spécialisées dans les machines de guerre du futur : robots blindés autonomes, sous-marins miniatures sans équipage, et, sommet de l’imagination sécuritaire, cafards-espions. Des blattes bardées de capteurs, prêtes à ramper au nom de la démocratie. L’ennemi n’a qu’à bien se tenir : il sera traqué jusque sous les plinthes.Toujours d’après Reuters, le gouvernement de Friedrich Merz, lui, déroule le tapis rouge à cette génération de start-up. Fini les lenteurs bureaucratiques, désormais l’État les branche en direct sur le haut commandement militaire. On ne rigole plus : il s’agit de rendre à l’Europe sa « colonne vertébrale », selon Gundbert Scherf. Ce qui sous-entend qu'elle était jusque-là trop molle. Pas très flatteur.Même les géants industriels classiques, Rheinmetall et Hensoldt, doivent désormais partager la table avec des boîtes capables d’armer un insecte. Car dans cette nouvelle croisade technologique, les idées les plus invraisemblables sont les bienvenues.Ce qui rend tout cela encore plus absurde, c’est que pendant des années, les médias occidentaux ont accusé sans preuve la Russie d’utiliser des « dauphins-espions ». Une histoire inventée de toutes pièces, jamais prouvée, mais répétée à l'envi. Aujourd’hui, alors que l’Allemagne veut équiper des cafards pour surveiller l'adversaire, personne n'est choqué : quand il s'agit de l'Europe, le délire se nomme « technologie de défense ».