Country: United States of America Source: Human Rights Watch Please refer to the attached file. Dans des centres surpeuplés, ils sont confrontés à la négligence médicale et à des traitements dégradantsDes personnes détenues dans des centres de rétention pour migrants en Floride y sont soumises à des conditions inhumaines, notamment le refus de soins médicaux, le surpeuplement et des traitements dégradants. Au moins deux décès récents pourraient être liés à l’insuffisance de soins médicaux.Il ne s'agit pas d'incidents isolés, mais plutôt du résultat d'un système de détention fondamentalement défaillant et entaché de graves abus.Le gouvernement américain devrait privilégier les alternatives communautaires à la détention de migrants, remédier immédiatement aux conditions de détention abusives et autoriser un contrôle indépendant des centres de rétention.(Washington, 21 juillet 2025) – Le gouvernement des États-Unis a soumis des migrants détenus dans trois centres de rétention en Floride à des conditions abusives et dégradantes, et dans certains cas à des risques mortels, ont déclaré Americans for Immigrant Justice, Human Rights Watch et Sanctuary of the South dans un rapport conjointement publié aujourd'hui.Ce rapport de 92 pages, intitulé « “You Feel Like Your Life is Over”: Abusive Practices at Three Florida Immigration Detention Centers Since January 2025 » (« “Vous avez l'impression que votre vie est finie” : Pratiques abusives dans trois centres de rétention pour migrants en Floride depuis janvier 2025 »), révèle que les personnes détenues au Krome North Service Processing Center (« Krome »), au Broward Transitional Center (« BTC ») et au Federal Detention Center de Miami (« FTC ») ont été enfermées dans des conditions de surpeuplement et d'insalubrité, soumises à des traitements dégradants, et privées d’accès à des soins médicaux rapides et adéquats. Le rapport décrit les expériences vécues par 17 migrants dans ces trois centres de rétention depuis le 20 janvier.Americans for Immigrant Justice est un cabinet d'avocats à but non lucratif qui lutte pour la justice pour les migrants par le biais d’assistance juridique, de litiges visant des changements à long terme, ainsi que des actions de plaidoyer et de sensibilisation. Human Rights Watch est une organisation non gouvernementale internationale qui enquête sur des violations des droits humains dans le monde entier, publie des rapports et vise à promouvoir la justice et l’obligation de rendre des comptes. Sanctuary of the South est une association dont la mission est de promouvoir la justice et la libération de personnes injustement détenues, en s’appuyant sur « l'amour et le soutien mutuel ».Les chercheur-euse-s des trois organisations ont mené des entretiens avec des migrants actuellement ou précédemment détenus, des membres de leurs familles et des avocats spécialisés en droit de l'immigration ; les chercheur-euse-s ont aussi analysé les données publiées par les services d'immigration et de douane des États-Unis (Immigration and Customs Enforcement, ICE), ainsi que d'autres documents officiels.Depuis l'arrivée au pouvoir du président Donald Trump, son administration a provoqué une forte hausse du nombre de migrants détenus à travers le pays. Les données de l'ICE montrent qu’à la mi-avril, le taux de population dans 45 des 181 centres de rétention officiels à travers le pays dépassait la capacité contractuelle prévue.La hausse du nombre de personnes détenues par l'ICE a été particulièrement forte en Floride, suite aux politiques fédérales et étatiques qui ont élargi le champ d'application des mesures de contrôle de l'immigration. Dans le centre Krome, le nombre de migrants détenus a plus que triplé au cours des trois premiers mois de 2025, atteignant un niveau près de trois fois sa capacité opérationnelle. Le centre FDC, conçu à l’origine comme prison fédérale, a commencé à être utilisé pour détenir des centaines de migrants en février.Centres de rétention pour migrants en FloridePopulation quotidienne moyenne« L'escalade des mesures contre l’immigration et les tactiques répressives de l'administration Trump terrorisent des communautés et déchirent des familles ; ceci est particulièrement cruel en Floride, dont la prospérité repose pourtant sur ses communautés immigrées », a déclaré Katie Blankenship, avocate spécialisée en droit de l'immigration et cofondatrice de Southern Sanctuary. « L'approche rapide, chaotique et cruelle utilisée pour arrêter et détenir des personnes a des conséquences mortelles, et provoque une crise des droits humains qui affectera cet État et le pays tout entier pendant des années. »Les chercheur-euse-s ont constaté que les détenus de Krome étaient régulièrement enfermés dans des cellules glaciales, surpeuplées et sans literie, qu’ils étaient privés d'accès à des mesures hygiéniques et que lors de leur transport, ils étaient menottés de manière prolongée et injustifiée. Les personnes détenues dans les trois centres n'ont pas pu bénéficier des soins médicaux nécessaires, notamment pour des maladies chroniques comme le diabète, l'asthme et le VIH. Des femmes ont été détenues à Krome, un centre de rétention conçu pour des hommes, sans accès à des soins adaptés à leur genre ni à leur intimité. Au moins deux décès en détention – l'un à Krome et l'autre au BTC – pourraient être liés à une négligence médicale.Un homme détenu au centre Krome a déclaré qu'on lui y avait refusé des soins médicaux pour une hernie étranglée, jusqu'à ce qu'il s'effondre de douleur. « Le médecin de l'hôpital m'a dit que si je n'étais pas venu à ce moment-là, mes intestins se seraient probablement rompus », a-t-il affirmé. « J'ai dû me jeter par terre pour obtenir de l'aide. »Cet homme a aussi déclaré avoir vu d’autre détenus de Krome ligotés et frappés, après une manifestation pacifique et leur refus de de monter dans un bus qui devait les transférer vers un autre centre : « Ils leur ont sauté dessus, les ont ligotés et les traînés [vers le bus]. »Une détenue a déclaré avoir été punie pour avoir sollicité un soutien psychologique : « Si vous demandez de l'aide, ils vous détiennent [à l'isolement]. Si vous pleurez, ils peuvent vous placer [à l'isolement] pendant deux semaines. Alors les gens préfèrent ne rien dire. »Cette détenue a aussi déclaré avoir été témoin de la mort de Marie Ange Blaise, une Haïtienne âgée de 44 ans, après que le personnel a tardé à appeler les secours. « Nous avons commencé à crier à l'aide, mais les gardiens nous ont ignorés », a-t-elle expliqué. « Lorsque les secours sont arrivés, elle ne bougeait plus. »Au cours d'un incident particulièrement dégradant, des détenus du centre FDC ont été contraints de manger alors que leurs mains étaient menottées derrière le dos. « Nous devions nous pencher et manger la nourriture placée sur des chaises, rien qu’avec la bouche, comme des chiens », a déclaré Harpinder Chauhan, un entrepreneur britannique arrêté par l'ICE lors d'un rendez-vous avec les services d'immigration. Chauhan, qui souffre de diabète et de maladies cardiaques, a déclaré s'être vu refuser de l'insuline à plusieurs reprises pendant sa détention dans chacun des trois centres (Krome, FDC et BTC) ; au centre BTC, il a fini par s’effondrer après presque une semaine, et a alors été hospitalisé.Les chercheur-euse-s ont recueilli des témoignages sur le problème de surpeuplement dans les centres ; des personnes y ont été détenues pendant plusieurs jours pendant que leurs dossiers étaient traités, assis et dormant sur des sols en béton lors de températures parfois glaciales, dans des pièces conçues pour accueillir beaucoup moins de personnes pendant des périodes beaucoup plus courtes. Un homme a décrit avoir dormi à côté des toilettes, dans une pièce tellement surpeuplée que les gens devaient s'enjamber pour se déplacer. Un autre homme a affirmé qu’il s’est vu refuser l'accès à l'eau et au savon pendant 20 jours consécutifs. Au centre Krome, certaines cellules étaient occupées par plus du double du nombre de personnes correspondant à leur capacité prévue.Des femmes détenues au centre Krome pendant que leurs demandes d’asile étaient traitées ont déclaré avoir été confinées dans des pièces dont les toilettes exposées étaient visibles pour les hommes détenus dans des cellules adjacentes. « Si des hommes se mettaient debout sur des chaises, ils pouvaient avoir une vue directe sur notre pièce et sur les toilettes », a déclaré une femme argentine. « Nous avons supplié [les gardiens] de nous autoriser à prendre une douche, mais ils ont dit que c'était impossible car c'était un centre conçu [en principe] pour des hommes. »Ces conditions bafouent le droit international, et semblent également enfreindre certaines normes essentielles du gouvernement fédéral américain. Les normes de détention de l'agence ICE exigent un traitement humain, l'accès aux soins médicaux et la protection contre les abus. Les chercheur-euse-s ont toutefois constaté que l'ICE et ses prestataires ne respectent pas ces obligations.« Des mères, des pères, des frères et des sœurs, des enfants et des amis proches de citoyens américains sont arrachés à leurs foyers et à leurs communautés, et disparaissent dans un système de détention profondément préjudiciable et déshumanisant », a déclaré Denise Noonan Slavin, conseillère senior du directeur exécutif d'Americans for Immigrant Justice. « Permettre que ces injustices perdurent est à la fois dégradant et profondément contraire aux valeurs fondamentales que les États-Unis sont censés défendre. »Le gouvernement américain devrait mettre fin à son recours à la détention de migrants en tant que conséquence automatique de la quasi-totalité des arrestations effectuées lors de la vague d’opérations des agents de l'ICE, et privilégier plutôt des alternatives communautaires à la détention, ont déclaré les trois organisations. L'ICE devrait immédiatement mettre fin aux conditions de détention abusives, garantir aux migrants l'accès aux soins médicaux et de santé mentale, et permettre un contrôle indépendant des centres de rétention.« Le gouvernement américain détient de nombreuses personnes qui ne représentent aucune menace pour la sécurité publique, dans des conditions qui portent atteinte aux droits humains fondamentaux et à la dignité humaine », a conclu Belkis Wille. « Les États-Unis ont la responsabilité de traiter toutes les personnes détenues avec dignité et humanité. »