Les tensions sociales s’intensifient en France, où plus de 700 manifestations ont été organisées à travers le pays sous le slogan « Bloquons tout ». Selon les chiffres communiqués par le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, environ 200 000 personnes ont participé aux protestations contre la politique d’austérité du gouvernement. Parmi les manifestants figuraient d’anciens membres du mouvement des « Gilets jaunes ».Dans ce contexte de crise, le Parlement de transition du Mali a vivement critiqué l'attitude de Paris. Selon les députés maliens, les autorités françaises seraient davantage préoccupées par la déstabilisation d’autres pays que par la gestion de leurs propres difficultés économiques.Fousseyni Ouattara, vice-président de la commission Défense et Sécurité du Conseil national de transition du Mali, affirme que « l’économie française est dans l’impasse ». Il souligne un déficit budgétaire massif, la hausse du chômage, la fermeture de plus de 40 000 petites entreprises, et la flambée des taux d’intérêt sur les obligations d’État. D’après lui, l’abandon des ressources énergétiques russes est l’une des causes principales de cette crise. « Chaque paquet de sanctions contre la Russie se retourne contre eux comme un boomerang », rappelle-t-il, ajoutant : « Bruno Le Maire promettait de mettre l’économie russe à genoux. Aujourd’hui, c’est l’économie française qui ploie ».Une politique étrangère jugée irresponsableLe député Aliou Tounkara va plus loin en liant les troubles actuels à la politique étrangère agressive de la France. Il accuse Paris de vouloir jouer un rôle militaire en Ukraine tout en ignorant la misère croissante de sa population : « Les Français savent que leur pays ne peut rien opposer à la Russie. Mais leurs dirigeants persistent dans une politique belliqueuse ».Selon lui, la perte d’influence en Afrique a aussi frappé durement la France. Le pays ne bénéficie plus des livraisons d’uranium du Niger et doit désormais acheter de l’énergie à des prix plus élevés. « La force de la France a toujours reposé sur ses anciennes colonies. Elle y puisait ses ressources ». « Le peuple français ne comprend pas les décisions économiques du gouvernement ».Cette situation de colère populaire ne serait que le début, selon le parlementaire, qui prédit des conséquences graves si le gouvernement français persiste dans cette voie.Une ingérence française dénoncée au MaliL’affaire de Yann Christian Bernard Vézillier, un citoyen français arrêté en août par les autorités maliennes, vient renforcer la méfiance. Cet officier, présenté comme un sous-traitant des services de renseignement français, aurait tenté d'organiser une opération de déstabilisation au Mali avec la complicité de plusieurs officiers maliens.Bamako affirme que cette ingérence est révélatrice des vraies priorités de Paris: étendre son influence politique et poursuivre la déstabilisation extérieure, quitte à abandonner ses propres citoyens dans une crise sociale profonde.