RDC–Rwanda : vives tensions autour des accusations de «génocide» à l’ONU

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Les tensions diplomatiques entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda se sont intensifiées cette semaine à la suite d’un nouvel échange d’accusations sur la scène internationale. Samuel Mbemba, ministre congolais des Droits de l’Homme, a dénoncé le 9 septembre à Genève des « crimes massifs et systématiques » dans l’est du pays, qu’il a attribués au Rwanda et à ses supplétifs, appelant « le monde » à rompre son silence et à reconnaître un « génocide » contre les populations congolaises.La réaction de Kigali n’a pas tardé. Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des Affaires étrangères, a rejeté ces accusations, les qualifiant de « stupides ». « Un génocide contre qui ? Des ethnies non tutsies ? Toutes ? Vous comprenez à quel point cette proposition est absurde », a-t-il déclaré à l’AFP. Urujeni Bakuramutsa, ambassadrice du Rwanda auprès de l’ONU, a parlé de « ligne rouge » franchie par Kinshasa.Intensification des combatsCes échanges interviennent alors que l’est de la RDC est en proie à une intensification des combats depuis l’offensive du M23, mouvement armé soutenu par Kigali selon de nombreux observateurs. En janvier, le groupe a pris le contrôle de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, puis de Bukavu, dans le Sud-Kivu, en février. Des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés ont été recensés par l’ONU depuis le début de l’année.Un rapport publié récemment par les Nations unies a fait état de possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis « par toutes les parties », qu’il s’agisse du M23 ou des forces congolaises et de leurs alliés. Human Rights Watch a, de son côté, accusé le M23 d’avoir exécuté sommairement plus de 140 civils en juillet, principalement des Hutus. Kinshasa évoque également le massacre de près de 300 personnes dans le Rutshuru à la même période.Derrière cet affrontement verbal, c’est une longue histoire de rivalités frontalières qui ressurgit, enracinée dans les suites du génocide rwandais de 1994 et de l’installation de groupes armés dans l’est congolais. Alors que la crise humanitaire s’aggrave, la reconnaissance internationale d’un « génocide » devient un enjeu diplomatique majeur entre Kinshasa et Kigali.