Surveillance par drones lors des manifestations «Bloquons tout» du 10 septembre

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Le 10 septembre, lors de la mobilisation nationale « Bloquons tout » contre l’austérité du gouvernement Bayrou, plus de 50 arrêtés préfectoraux ont autorisé l’usage de drones policiers pour surveiller les manifestations à travers la France.En complément des 80 000 agents déployés, ces drones équipés de caméras ont survolé des villes comme Paris, Bordeaux, Lyon, Strasbourg et Montpellier, ainsi que des zones rurales comme Limoges ou l’Orne. À Paris et en Île-de-France, jusqu’à 10 drones ont couvert l’ensemble du ciel, y compris les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne, pour anticiper des actions imprévisibles et désorganisées.Dans la Drôme, des drones thermiques ont été utilisés pour des opérations nocturnes, visant à détecter des intrusions ou des dégradations potentielles. Cette pratique, facilitée par un décret d’avril 2023 normalisant la surveillance aérienne lors d’événements majeurs, marque une échelle inédite par son ampleur géographique.Une utilisation qui fait débatLes préfets devaient publier des arrêtés publics précisant les objectifs et zones, comme exigé par la CNIL pour respecter les normes légales. Cependant, plusieurs autorisations ont été contestées judiciairement par des associations comme l’Adelico et le Syndicat des avocats de France (SAF).À Pau, un juge a suspendu l’arrêté, estimant que « aucun élément ne permet de retenir que les risques potentiels (...) ne pourraient être parés par des moyens moins attentatoires aux libertés fondamentales ». L’expert juridique Nicolas Hervieu a rappelé que ces images pouvaient révéler des opinions politiques, ce qui remet en question sa proportionnalité.Les organisateurs et experts s’inquiètent des implications pour les libertés civiles, avec un risque de surveillance de masse et d’atteinte à la vie privée, surtout que certains arrêtés ont été publiés tardivement, limitant les recours. Dans un contexte de tensions sociales après la chute du gouvernement Bayrou, cette mesure illustre le débat entre sécurité publique et droits fondamentaux, amplifiant les critiques sur une dérive sécuritaire.