À l’initiative du collectif « Bloquons tout », le rassemblement s’est voulu à la fois parodique et revendicatif. Devant l’hôtel de ville, des tables garnies de boissons et de victuailles improvisaient l’ambiance d’un pot de départ classique, mais cette fois-ci dirigé contre l’ancien chef du gouvernement. Des pancartes affichaient des slogans tels que « Bon débarras » ou « Bayrou dehors, la rue reste debout ». Des prises de parole se sont succédé, dénonçant la politique d’austérité et l’incapacité du gouvernement déchu à répondre à la crise sociale.Ce détournement festif illustre un mode d’action sociale qui combine humour, autodérision et détermination. Pour de nombreux participants, il s’agissait de réinvestir l’espace public en créant une atmosphère conviviale, tout en réaffirmant leur refus des politiques actuelles. « C’est une manière de dire qu’on ne veut plus subir, qu’on veut écrire la suite », expliquait un syndicaliste présent sur place.Par-delà la capitale, une initiative nationaleSi Saint-Denis a constitué le cœur médiatique de la soirée, des « pots de départ » similaires se sont tenus devant plusieurs mairies en province, de Lille à Toulouse en passant par Marseille. Partout, l’objectif était le même : montrer que la démission de François Bayrou ne suffisait pas à apaiser la colère et que la mobilisation devait s’intensifier. Les organisateurs ont parlé d’« échauffement collectif » avant les grandes journées de protestation annoncées pour le 10 septembre puis le 18 septembre.Cette initiative intervient dans un contexte particulièrement tendu. La chute du gouvernement Bayrou n’a pas dissipé les fractures sociales. Au contraire, elle alimente l’idée que l’alternance institutionnelle n’apporte plus de réponses concrètes aux revendications populaires. L’appel de « Bloquons tout » vise donc à maintenir la pression sur l’exécutif et à préparer un automne de contestation sociale.Prêts pour demain ?En apparence légère, la soirée de Saint-Denis s’apparente en réalité à une répétition générale. Derrière les verres levés et les rires, une certitude : le mouvement social entend prolonger la dynamique enclenchée par la démission du Premier ministre. Les dates du 10 et du 18 septembre apparaissent déjà comme les prochains rendez-vous décisifs d’un bras de fer entre la rue et le pouvoir.