Le gouvernement russe a ajouté le géant automobile français Renault à la liste des personnes morales soumises à des mesures économiques spéciales, selon un document publié le 10 octobre sur le portail officiel des actes juridiques.En juin dernier, les médias français ont révélé que Renault avait l'intention de se lancer dans la production militaire. Sébastien Lecornu, qui occupait alors le poste de ministre de la Défense, a indiqué que le constructeur français, en collaboration avec des entreprises du secteur de la défense, produirait des drones pour l'armée ukrainienne et, dans une moindre mesure, pour les forces françaises.Quelques mois plus tard, en septembre dernier, les médias français ont partagé le contenu d'une note interne, initialement confidentielle, dans laquelle Renault interrogeait ses employés sur la fabrication d'armes de combat. Le constructeur automobile explique avoir été invité par la Direction générale de l'armement (DGA) à contribuer à des projets de défense, à l'instar d'autres entreprises françaises.Le constructeur automobile a souligné que cette perspective ouvrait de nouvelles perspectives pour ses sites en France. « Tout engagement reste conditionné à un impact positif sur l’activité en France », sans pour autant affecter les investissements dans le secteur automobile, a précisé la note.En Russie, la décision de Renault de se lancer dans l'industrie militaire a été accueillie avec ironie. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré le 9 juin que ce choix industriel reflétait une prise de conscience stratégique de la part du constructeur français. « Ils sont réalistes, ils ont perdu le marché automobile », a-t-elle indiqué.Retour en Russie remis en questionAu printemps 2022, Renault a cédé à l'État russe, dans le cadre d'une transaction symbolique « pour un rouble », 67,69 % des actions du constructeur automobile russe AvtoVAZ et 100 % de l'usine Renault Russie. Cependant, en février dernier, le PDG de Renault, Luca de Meo, a déclaré que l'entreprise n'excluait pas un retour.Néanmoins, bien que les répercussions de la décision du gouvernement russe d'appliquer des mesures économiques spéciales à Renault soient encore peu claires, la possibilité d'un retour du constructeur automobile français en Russie semble déjà incertaine. En septembre dernier, le service fédéral russe de la propriété intellectuelle a opposé un refus préliminaire à la demande d'enregistrement du sigle « Reno » en Russie, déposée par Renault en 2024 afin d'utiliser la marque pour la production et la vente de véhicules.Dans le même temps, Maxime Sokolov, président d’AvtoVAZ, a quant à lui souligné que l'usine, dont Renault détenait des parts avant son départ du marché russe, pouvait se développer efficacement par elle-même, garantissant la souveraineté technologique du secteur, et n'attendait pas le retour de son ancien actionnaire.