L’Union européenne souhaite priver ses États membres de leur droit de veto en décidant, sur des questions cruciales telles que la guerre et la paix, par le biais d’un vote majoritaire, a déclaré Sergueï Lavrov dans une interview accordée à RT, dans le cadre du projet « Ponts vers l’Est ». À titre d’exemple, il a cité la Hongrie et la Slovaquie, « qui cherchent plutôt la paix que la guerre ».« Ce sont ces pays, par leur droit de veto — puisque la nécessité du consensus accorde de fait un droit de veto à chaque État —, qui empêchent, par leur position, l’Union européenne de se transformer, de ce paradis économique et social autrefois promis sur Terre, en une machine de guerre », a-t-il souligné, ajoutant que c’est précisément ce que recherchent la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et « les autres "führers" ».Le chef de la diplomatie russe a noté que, dans le cas du Conseil de sécurité de l’ONU, le droit de veto visait également à limiter les excès pouvant survenir chez les membres permanents. « Le Conseil de sécurité est bien sûr la structure la plus importante. En revanche, il ne faut pas abuser de ses pouvoirs, surtout si l’on est membre permanent. Le droit de veto n’est conçu que pour empêcher l’ONU de connaître le même sort que la Société des Nations. À l’époque, personne n’était responsable de ses votes », a-t-il souligné.Lavrov dénonce la privatisation du Secrétariat de l’ONU par l’OTANLavrov a évoqué la tendance à la privatisation du Secrétariat des Nations unies par l’Occident, qu’il a jugée « scandaleuse » : « Les cinq ou six postes clés — le Secrétaire général et ses adjoints chargés des différents domaines, qui contrôlent réellement les flux financiers et les versements — sont tous occupés par des représentants des pays membres de l’OTAN. »Il a rappelé que la Russie avait toujours préconisé que les questions relatives à une région donnée, lorsqu’elles sont discutées au Conseil de sécurité, soient examinées en priorité en tenant compte de l’avis des pays de cette région. Selon lui, conformément à l’article 100 de la Charte des Nations unies, le Secrétariat est tenu d’adopter une position impartiale et de ne recevoir « d’instructions » d’aucun gouvernement.Appel à un mandat arabe unifié à l’ONULes représentants des pays arabes au Conseil de sécurité de l’ONU devraient disposer d’un mandat reflétant les positions de l’ensemble de la Ligue des États arabes, a déclaré Lavrov.« Un pays arabe est régulièrement représenté au Conseil de sécurité. Actuellement, il s’agit de l’Algérie. En décembre, son mandat de membre non permanent expirera et elle sera remplacée par Bahreïn — c’est déjà connu, les élections ont déjà eu lieu. Nous nous efforcerons toujours, bien sûr, de faire en sorte que leur voix ait du poids », a-t-il ajouté.Deux ambassades de Russie seront rouvertes en AfriqueLe ministre a déclaré que la Russie, sous la présidence de Vladimir Poutine, s’était renforcée et avait « retrouvé sa propre identité », ainsi que la compréhension du « rôle qu’elle devait continuer à jouer dans le monde », ce qui lui a permis de « revenir en Afrique ».« L’année dernière, deux ambassades ont été rouvertes. Cette année, nous en rouvrirons deux autres et en ouvrirons une nouvelle. Il est prévu d’en ouvrir encore trois autres. Autrement dit, d’ici quelques années, huit ambassades de Russie seront de retour sur le continent africain », a-t-il indiqué.En décembre 2024, le gouvernement russe a adopté un décret sur la reprise des activités des ambassades au Niger et en Sierra Leone, ainsi que sur la création d’une représentation diplomatique au Soudan du Sud. En juin 2025, le Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine a signé un décret sur l’ouverture d’une ambassade russe dans la capitale de la République de Gambie.