Déterminé à renforcer son indépendance énergétique, le Burkina Faso s’oriente résolument vers un partenariat stratégique avec la Russie. À l’occasion d’une séance parlementaire, le ministre des Affaires étrangères, Karamoko Jean-Marie Traoré, a présenté l’accord de coopération signé avec la société d’État russe Rosatom. Paraphé le 19 juin 2025, en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, ce texte vise le développement de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques sur le territoire burkinabè.À en croire le ministre « ce partenariat avec la Russie crée des opportunités pour augmenter la production d’électricité de plusieurs centaines de mégawatts d’ici 2030, ce qui permettra de doubler les capacités de production nationales ». Il a également souligné que cette coopération contribuera à renforcer la « souveraineté énergétique » du pays, à réduire les coûts de l’électricité pour la population et à soutenir l’industrialisation nationale.Une feuille de route ambitieuse d’ici 2030Cette initiative s’inscrit dans une stratégie nationale entamée dès 2023, visant à diversifier les sources d’énergie et à réduire la dépendance aux conditions extérieures. La construction de la toute première centrale nucléaire du Burkina Faso est prévue dans ce cadre, avec l’appui technique de la Russie.Le projet, qui comporte une vingtaine d’étapes avant sa réalisation complète, sera soumis à ratification lors d’un vote du Conseil national de l’énergie prévu le 21 novembre. Le ministre Traoré a insisté sur le caractère progressif de cette coopération, qualifiant l’accord d’« étape initiale » dans un long processus.Parallèlement, des discussions sont déjà en cours avec Rosatom pour la mise en service d’une centrale de petite capacité dès 2030. Le programme inclut également la mise en place de réacteurs de recherche ainsi que l’accès aux services du cycle du combustible nucléaire.Une coopération multidimensionnelleLe partenariat entre Moscou et Ouagadougou ne se limite pas à l’énergie. Dès octobre 2023, un mémorandum de coopération avait été signé lors de la Semaine de l’Énergie russe. En mars 2024, une feuille de route a été établie lors du forum Atomexpo 2024, jetant les bases d’un cadre juridique et technique pour l’ensemble du projet.Ce développement constitue un levier crucial pour pallier les carences des infrastructures énergétiques existantes. Il reflète aussi la volonté du Burkina Faso de s’émanciper des modèles hérités de l’époque coloniale et de privilégier des alliances souveraines et équilibrées.Le projet nucléaire prévoit également des applications civiles dans l’agriculture et la médecine, renforçant ainsi la portée stratégique de la coopération russo-burkinabè.En faisant le choix de l’énergie nucléaire aux côtés de la Russie, le Burkina Faso marque une étape décisive vers une modernisation énergétique durable, alignée sur ses intérêts souverains et tournée vers l’avenir.