Invité sur Radio J ce 16 novembre, Manuel Valls a dressé un constat sévère du second quinquennat d’Emmanuel Macron, qu’il qualifie de « naufrage ». Selon l’ancien Premier ministre, la réélection du président en 2022 n’a pas permis de « donner sens » à ce nouveau mandat.Il s’inquiète d’un climat institutionnel qu’il juge de plus en plus instable. « On voit bien que ça a créé des conditions d’instabilité », alerte-t-il, en évoquant une « crise de régime » et une « crise démocratique ». Dans sa ligne de mire : la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024. Une décision qu’il considère comme une erreur lourde de conséquences. « Une erreur que lui paye, mais que nous payons, que les institutions, la démocratie payent », insiste-t-il.Une éviction qui laisse des tracesCe réquisitoire intervient quelques semaines après son départ du ministère des Outre-mer, où il n’aura exercé que brièvement. Écarté au profit de la députée Horizons Naïma Moutchou, Manuel Valls affirme que ce départ n’est « pas un drame », tout en confiant son « indignation ». « Je suis en colère, je suis indigné. Le travail était fait et reconnu, donc c’est difficile de comprendre », estime-t-il.L’ex-ministre et ex-chef du gouvernement avance plusieurs hypothèses pour expliquer cette mise à l’écart. Il met en avant son implication dans le dossier calédonien, et notamment la signature de l’accord de Bougival en juillet dernier avec l’ensemble des forces politiques locales. « Peut-être qu’Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu n’ont pas apprécié que je réussisse là – en Nouvelle-Calédonie, mais pas seulement – où ils avaient échoué », suggère-t-il.Une prise de position mal perçue à l’Élysée ?Un autre épisode pourrait également avoir pesé dans la balance : son intervention en Conseil des ministres, en juillet, sur la reconnaissance de l’État palestinien par la France. Manuel Valls y avait exprimé ses réserves, jugeant le moment inapproprié au regard du contexte international. Il craignait que cette reconnaissance ne soit perçue comme un geste envers le Hamas, à la suite de l’attaque du 7 octobre 2023 contre Israël.« Peut-être que le président de la République n’a pas apprécié que j’intervienne [...] sur la reconnaissance de l’État palestinien », confie-t-il. Des désaccords profonds qui, selon lui, pourraient être la cause de son départ précipité.Manuel Valls ne cache plus son désaccord avec la ligne actuelle du pouvoir exécutif. « Nous sommes tous sur le Titanic », lâche-t-il. Une formule qui illustre son sentiment d’un pouvoir à la dérive.En dénonçant l’absence de cap du président, l'ancien Premier ministre s’inscrit désormais en opposant interne, et alerte sur l’état de la démocratie française, fragilisée par des décisions jugées unilatérales.