« La France ne fait pas tout ce qu’elle devrait. »Dans le studio de Radio J, ce 21 septembre, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin s’est montré particulièrement critique à l’endroit d’Emmanuel Macron et de ses partenaires européens quant à leur gestion du conflit qui déchire le Proche et le Moyen-Orient depuis près de deux ans.« Il y a fort à craindre qu’à la tribune des Nations unies demain ce ne soit pas tant ce que dira le président de la République qui sera retenu. C’est ce qu’il ne dira pas, ou plus exactement c’est ce qu’il ne fera pas et n’a pas fait tout au long des derniers mois, tout comme les Européens. C’est-à-dire mettre tout son poids pour mettre fin à la tragédie humanitaire à Gaza », a déclaré Dominique de Villepin. Ce dernier a notamment fustigé « un nettoyage ethnique » et « des crimes commis au quotidien » à Gaza par le gouvernement israélien.Invité de Frédéric Haziza, le fondateur de République solidaire était interrogé sur la reconnaissance de l’État palestinien, qu’Emmanuel Macron entend faire lors de son discours à la tribune des Nations unies, lors de l’Assemblée générale de l’organisation internationale, le 22 septembre.Une reconnaissance de la Palestine par la France – et d’autres pays occidentaux –, qui selon Dominique de Villepin « rétablit le refus du deux poids deux mesures » entre le conflit au Proche-Orient et celui en Ukraine. « C’est ce qui nous a discrédités, vis-à-vis du monde, en Ukraine », a insisté l’ancien chef de gouvernement, en allusion à l’intransigeance de Paris vis-à-vis de la Russie, à l’opposé de sa réserve observée vis-à-vis de l’État hébreu.« Nous sommes en train de changer de monde »« Emmanuel Macron devra rendre des comptes comme tous les responsables européens », a insisté cet ancien chef de la diplomatie française, assurant croire « au tribunal de l’Histoire ». « À un moment donné, elle aligne les décisions, elle aligne les comportements, elle aligne les déclarations et elle constate que ce qui aurait dû être fait n’a pas été fait », a-t-il martelé. « Devant l’Histoire, il faudra qu’ils expliquent pourquoi ils n’ont pas tout fait, pourquoi ils n’ont pas osé franchir un certain nombre de pas quand nous connaîtrons l’étendue du désastre qui se déroule à Gaza », a-t-il encore assuré.Quant à la forme ? « Cela peut donner un certain nombre de procédures internationales, d’interrogations, de commissions d’enquête », a étayé Dominique de Villepin, renvoyant au cas du Royaume-Uni et de l’après-guerre en Irak. « Je pense qu’au niveau des Nations unies il faudra s’interroger pour savoir : pourquoi cette faillite ? Pourquoi cette impuissance ? ».Constatant que « nous sommes en train de changer de monde », l’ancien chef de gouvernement a estimé que les Occidentaux devaient « prendre acte » d’une situation où, aujourd’hui, « ce sont d’autres États – autoritaires – qui tiennent le haut du pavé », évoquant un « moment Tianjin », en référence au sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) qui s’est tenu fin août et début septembre. Et de poursuivre sur le constat d’États-Unis apparaissant « beaucoup plus impuissants qu’on ne l’imagine », tant en Ukraine qu’au Moyen-Orient.