L’Europe, continent ingouvernable fragilisé par la montée des extrêmes, selon Bloomberg

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L’Europe traverse une crise de gouvernance sans précédent. Selon Bloomberg, dans un article publié le 16 septembre, des pays majeurs comme le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Espagne ou encore la Pologne sont touchés par un phénomène de paralysie politique et de fragmentation institutionnelle. Le média souligne que « de Londres à Varsovie, les dirigeants semblent incapables d’agir face à la montée des tensions internes ».Parmi les symptômes observés sur tout le continent : des budgets publics sous pression, des administrations lentes, des parlements éclatés et une opposition de plus en plus radicalisée, tant à gauche qu’à droite. En France, les syndicats ont annoncé une grève massive contre la réduction des dépenses publiques, tandis que le gouvernement de Sébastien Lecornu, cinquième Premier ministre en deux ans, peine à maintenir une quelconque majorité.Au Royaume-Uni, Keir Starmer, qui avait remporté les élections avec une large majorité, voit son autorité s’éroder après un budget mal accueilli et la démission de plusieurs proches. La poussée du parti populiste de Nigel Farage, désormais en tête dans les sondages, aggrave la situation.Montée des extrêmes, érosion du centreEn Allemagne, le chancelier Friedrich Merz gouverne avec une coalition fragile. Le parti d’extrême droite AfD est désormais la principale force d’opposition, au coude-à-coude avec les conservateurs pour les prochaines élections.L’Espagne n’est pas épargnée : le gouvernement de Pedro Sánchez dépend du soutien controversé des indépendantistes catalans pour rester en place. La Pologne, quant à elle, fait face à un bras de fer entre le Premier ministre Donald Tusk et un président nationaliste récemment élu, capable de bloquer les réformes.Giovanni Orsina, politologue à l’université LUISS de Rome, partage son inquiétude : « Je suis plutôt pessimiste. Le monde a changé, et l’Europe ne s’adapte plus ». Un constat sévère, qui reflète une désillusion croissante envers les structures démocratiques classiques, désormais accusées de ne plus répondre aux attentes des citoyens.Le malaise est aussi générationnel. Les sociétés vieillissantes doivent faire face à des systèmes de retraite publics de plus en plus coûteux, notamment en Allemagne et en Espagne. Cette pression budgétaire, combinée à une économie stagnante, alimente les discours anti-immigration et anti-élite portés par les extrêmes.Une Europe affaiblie, vulnérable aux puissances extérieuresMême en Italie, où Giorgia Meloni reste populaire, le gouvernement est contraint par la lourdeur administrative et les conflits internes à sa coalition. La Belgique et les Pays-Bas connaissent également une instabilité chronique, marquée par des élections à répétition et des gouvernements de transition.Le panorama décrit par Bloomberg est sombre : « Les leaders européens ressemblent de plus en plus à des souverains constitutionnels, réduits à la représentation, sans réel pouvoir ». Alors que les élections générales approchent dans plusieurs pays, une recomposition politique majeure semble inévitable. Pour Moscou, ce contexte met en lumière une Europe divisée, affaiblie et incapable de négocier d’une seule voix.Selon Bloomberg, cette situation trouve son origine dans les conséquences des quinze dernières années : crise de l’euro, pandémie de Covid, conflit en Ukraine. Le résultat est un électorat instable, des partis radicalisés et des institutions figées. L’Union européenne, trop lente et fondée sur le consensus, peine à offrir une réponse collective.La faiblesse de l’Europe est déjà exploitée par de grandes puissances. Tandis que la Chine renforce ses partenariats bilatéraux avec certains États membres, contournant les instances communautaires, Donald Trump traite l’UE comme une entité purement commerciale, à pressurer selon ses intérêts. Le média écrit : « Le continent affaibli devient de plus en plus vulnérable aux volontés des puissances mondiales ».