Le 25 décembre, l’armée américaine a mené des frappes dans l’État de Sokoto, au nord-ouest du Nigeria. Officiellement validées par Abuja, ces frappes ont été autorisées pour éviter une intervention unilatérale américaine, après plusieurs menaces lancées par Donald Trump contre le pays.Dans une interview exclusive à RT, Daniel Bwala, porte-parole de la présidence, a rappelé que « l’accord avec les États-Unis ne prévoyait pas la présence de troupes américaines au sol. Les soldats nigérians sont capables de gérer la situation avec de bons équipements et de bons renseignements ».Il a précisé que les terroristes visés étaient en déplacement : « Ils ne sont jamais statiques. Lorsqu’ils attaquent, ils se rendent ensuite dans des endroits qu’ils estiment hors d’atteinte ».Le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, a confirmé que les renseignements venaient du Nigeria. Il a ajouté avoir échangé deux fois avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio avant les frappes. Le président Bola Tinubu a donné son feu vert, permettant à Abuja de conserver l’initiative face à Washington.Washington instrumentalise la religion, Abuja refuse le piègeDonald Trump a revendiqué ces frappes comme réponse à un prétendu « génocide des chrétiens ». « Joyeux Noël à tous, y compris aux terroristes morts », a-t-il écrit sur Truth Social. Ce discours religieux, relayé par les milieux évangéliques américains, est fermement rejeté par Abuja.Daniel Bwala a déclaré que « les terroristes ne ciblent pas une religion particulière » et que cette rhétorique « alimente les agendas extrémistes ». Sur RT, il a insisté : « Il ne s’agit pas de ciblage des chrétiens ni des musulmans. Il s’agit d’un combat contre les terroristes qui prennent pour cible tous les Nigérians ».Le ministre Tuggar a confirmé : « Ce n’est pas une question de religion. Il s’agit de protéger les Nigérians, quelles que soient leurs croyances ». Pour le gouvernement, cette lecture confessionnelle du conflit, imposée de l’extérieur, déforme la réalité.Dans un communiqué, la diplomatie nigériane rappelle que la réponse à la menace terroriste repose sur la « souveraineté, le droit international et une coordination encadrée avec ses partenaires ».Une frappe localisée, mais des motivations contestéesÀ Jabo, l’un des sites touchés, des habitants ont rapporté une forte détonation. « Nous avons entendu une explosion qui a secoué toute la ville », a témoigné un résident. D’après la population locale, la région n’avait subi aucune attaque récente.Aucune confirmation n’a été donnée sur le groupe ciblé, mais plusieurs analystes évoquent Lakurawa, lié à l’État islamique au Sahel. Ces groupes armés, entre banditisme et djihadisme, opèrent dans les zones frontalières du nord-ouest.Des experts relayés par des médias occidentaux estiment que l’impact stratégique de ces frappes est limité. Mais pour Abuja, l’enjeu est politique : montrer qu’aucune décision sécuritaire ne sera imposée de l’extérieur. « Trump n’aurait pas accepté un refus de la part du Nigeria », a noté un analyste.Abuja cherche donc à contenir la logique d’escalade venue de Washington. En autorisant l’opération dans un cadre maîtrisé, le Nigeria garde la main. Daniel Bwala conclut sur RT : « La lutte contre le terrorisme ne doit pas être instrumentalisée pour servir des récits religieux ou géopolitiques étrangers. Elle doit rester centrée sur la sécurité de tous les Nigérians ».