À 72 ans, Patrick Sébastien ne se rêve pas en homme politique, mais en agitateur de bon sens. Dans une interview au Journal du dimanche, l’animateur et humoriste revendique une nouvelle forme d’engagement avec son mouvement « Ça suffit », qu’il présente comme le prolongement du Dard, le « droit au respect et à la dignité », lancé il y a une dizaine d’années.« Évacuons toute ambiguïté : “Ça suffit” n’est pas un parti », insiste-t-il. Pas de candidature, pas d’ambition personnelle : « Le succès, je l’ai déjà. Je n’ai pas besoin d’un poste pour flatter mon ego. »Porte-parole de la France silencieuse ?Figure populaire longtemps omniprésente à la télévision, Patrick Sébastien se pose aujourd’hui en porte-voix d’« une certaine France », celle « qu’on a oubliée, qu’on méprise », composée d’infirmiers, d’artisans, d’agriculteurs ou de membres de la classe moyenne « qui rame ».Son credo : redonner une place politique à ceux qui disent « ça suffit » face à l’inflation, à l’insécurité, à la complexité administrative ou au sentiment de déclassement. « Je ne me présente à rien, je veux juste vous représenter », résume-t-il.Concrètement, le mouvement entend recueillir des milliers de propositions citoyennes pour en retenir une trentaine jugées « réalistes et réalisables ». Ces mesures seraient ensuite soumises aux candidats du second tour de la présidentielle, afin d’obtenir des engagements clairs. « Si on est plus de 500 000, ça peut faire basculer un scrutin », avance-t-il, convaincu du poids politique de cette France silencieuse.Patrick Sébastien assume un discours transpartisan, souvent classé à tort, selon lui, à l’extrême droite. « Le RN a récupéré une partie du peuple parce que la gauche l’a laissé tomber », analyse-t-il, tout en se démarquant clairement : « Je ne suis pas RN. » Favorable à la dépénalisation du cannabis, critique des dogmes idéologiques, il revendique le « bon sens » contre ce qu’il perçoit comme le mépris des élites politiques et médiatiques.Sa mise à l’écart de l’audiovisuel public nourrit aussi son discours. « J’ai été viré du service public comme un chien », lâche-t-il, dénonçant un « pouvoir culturel très marqué à gauche ». Mais il refuse l’idée d’une revanche personnelle : son engagement serait d’abord motivé par « la peur pour [ses] gamins » et l’envie de ne pas leur laisser « un pays triste et fracturé ».Entre fatalisme assumé, humour grivois et colère sociale, Patrick Sébastien cultive une posture singulière, revendiquant une filiation avec Coluche sans vouloir franchir le pas de la candidature. « Je ne suis pas un humoriste candidat, je suis un humoriste qui sert de porte-voix », conclut-il. Quitte à échouer, mais sans se taire.