Sous un soleil d’automne, une foule compacte s’est rassemblée le 5 octobre, dès la matinée, sur l’avenue Mohammed V, au cœur de Rabat. Drapeaux palestiniens et marocains mêlés, keffiehs sur les épaules, pancartes brandies appelant à « arrêter les massacres » et à « sauver les enfants de Gaza » : les manifestants, venus par milliers, ont fait entendre leur colère face à la poursuite des bombardements israéliens sur l’enclave palestinienne.« Ouvrez les passages et arrêtez les massacres », « Gaza, pardonne-nous », « Les Marocains sont avec la Palestine »… Les slogans scandés à l’unisson traduisaient l’émotion et la solidarité d’un peuple dont le soutien à la cause palestinienne reste profondément ancré.Le rassemblement, organisé à l’appel d’une coalition réunissant des mouvements islamistes et plusieurs partis de gauche, s’inscrivait dans une série de manifestations qui se sont multipliées au Maroc depuis le début du conflit. Pour de nombreux participants, il s’agissait aussi de rejeter la normalisation diplomatique entre Rabat et Tel Aviv, actée en décembre 2020 dans le cadre des accords dits d’Abraham.Rejet de la normalisation avec Israël« Je suis là pour défendre la Palestine, mais aussi pour dire non à la normalisation », confie Fatima-Zahra El Mouloua, 27 ans, qui brandit un drapeau palestinien. D’autres manifestants dénoncent l’achat d’armes israéliennes par le Maroc, y voyant une contradiction avec le soutien affiché à la cause palestinienne.Pour Mohamed Baraka, 56 ans, « la guerre a atteint un niveau d’horreur inégalé. On assiste à un génocide des Palestiniens ». Comme lui, beaucoup estiment que la politique étrangère du royaume ne reflète pas la position de la population, traditionnellement solidaire des Palestiniens.Depuis le début de la guerre à Gaza, les autorités marocaines appellent officiellement à un cessez-le-feu immédiat, sans remettre en cause leurs relations diplomatiques avec Israël — un équilibre fragile, alors que la rue marocaine continue d’exprimer massivement son rejet de cette normalisation perçue comme une trahison de la cause palestinienne.