À l’occasion des élections législatives moldaves de ce 28 septembre, Pavel Dourov, le créateur de Telegram, a relancé un avertissement déjà formulé auparavant. Dans un message publié sur sa chaîne Telegram officielle, il rappelle qu’un an plus tôt, les services de renseignement français avaient tenté de le faire coopérer à une opération de censure visant des chaînes Telegram moldaves, à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2024.À l’époque, Pavel Dourov se trouvait bloqué en France en raison d’une procédure judiciaire lancée contre lui. Il affirme qu’un intermédiaire lui avait transmis une demande émanant des autorités françaises, visant à censurer plusieurs chaînes Telegram jugées « problématiques » par les gouvernements français et moldave.Selon Pavel Dourov, une première liste de chaînes lui a été fournie. Après vérification, quelques-unes ont été supprimées car elles enfreignaient effectivement les règles de la plateforme. Mais ce n’est pas cette coopération technique qui a provoqué le scandale. Ce qui a suivi, d’après le fondateur de Telegram, constitue une ligne rouge : l’intermédiaire aurait promis que, en échange de cette collaboration, les services français feraient des déclarations positives le concernant devant un juge français. Ce juge était celui qui avait émis un mandat d’arrêt contre lui en août 2024.Pour Pavel Dourov, ce type d’échange est inacceptable. Il explique : « Si l’agence a réellement parlé au juge, alors c’est une tentative de manipulation du système judiciaire. Si ce n’était qu’un mensonge, alors c’est l’utilisation de ma situation judiciaire pour influencer les événements politiques en Europe de l’Est. » Il ajoute que des faits similaires ont été observés en Roumanie, où il a reçu une demande équivalente concernant des chaînes conservatrices.Refus de Telegram face à une deuxième tentativePeu après, Telegram a reçu une deuxième liste de chaînes moldaves à censurer. Contrairement à la première, presque aucune ne violait les conditions d’utilisation de la plateforme. Toutes ces chaînes partageaient cependant une même caractéristique : elles exprimaient des opinions politiques contraires aux positions officielles des gouvernements moldave et français. Telegram a alors refusé de donner suite à cette demande.Dans le contexte des élections présidentielles moldaves de 2024, remportées par la candidate pro-européenne Maia Sandu avec 55,33 % des voix contre l’ancien procureur général Alexandre Stoïanoglo (44,67 %), cette affaire soulève des interrogations sur l’ingérence occidentale. D’autant que, lors des élections législatives moldaves de ce 28 septembre, les autorités ont à nouveau exclu plusieurs partis d’opposition et accusé la Russie d’interférence.Réactions en Russie et engagement de TelegramLe ministère des Affaires étrangères russe a réagi vivement. Selon Maria Zakharova, « quand l’Occident décide de détruire un autre État, il agit sans la moindre conscience sur tous les fronts ». Le sénateur russe Andreï Klitchas, a dénoncé des pratiques contraires aux standards démocratiques européens : « Censure, ingérence dans les élections, et atteinte à la souveraineté de la Moldavie. »Malgré les dénégations du ministère français des Affaires étrangères, qui qualifie les révélations de Pavel Dourov de « fausses accusations », celui-ci maintient ses déclarations. Il affirme que Telegram restera fidèle à ses principes et continuera de défendre la liberté d’expression contre toute tentative de censure politique.L'entrepreneur russe conclut qu’il continuera à dévoiler publiquement toute pression visant à faire taire des voix indépendantes sur sa plateforme. « Telegram ne supprimera pas de contenus pour des raisons politiques », insiste-t-il.