Le secrétaire américain à la Guerre convoque des centaines de généraux : vers une refonte autoritaire du commandement militaire

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À l’appel de Pete Hegseth, secrétaire à la Guerre des États-Unis, plusieurs centaines de hauts gradés militaires américains — généraux, amiraux et leurs adjoints — se sont vus ordonner de se rendre à Quantico, en Virginie, le 30 septembre. La convocation concerne exclusivement les officiers en position de commandement, et non les personnels d’état-major. Selon le Washington Post dans un article du 26 septembre, aucune justification officielle n’a été fournie avec les ordres, plongeant le haut commandement dans une confusion inhabituelle.D’après CNN, cette réunion doit servir de plateforme à Pete Hegseth pour exposer sa vision d’une armée restaurée autour du « warrior ethos », un concept vague axé sur la discipline, la combativité et la loyauté. « Il s’agit de remettre de l’ordre dans les rangs », a confié un responsable du Pentagone au média américain. La réunion, qui durera moins d’une heure, sera enregistrée pour une diffusion publique ultérieure.Mais derrière cette mise en scène, les tensions sont palpables. Selon le Washington Post, plusieurs hauts officiers redoutent des renvois ou des rétrogradations surprises. Ces craintes sont légitimes : Pete Hegseth a déjà limogé sans préavis plusieurs responsables de haut rang, dont le président du Comité des chefs d’état-major Charles Brown. À cela s’ajoute à sa décision de réduire de 20 % le nombre de généraux et d’amiraux à quatre étoiles.Une démonstration de force controverséeLe caractère imposé et brutal de la convocation a provoqué la stupeur dans les rangs. De nombreux d’officiers ont été « pris de court » par cet ordre inattendu, certains devant réorganiser leur calendrier en urgence. Le coût logistique de cette opération — vols militaires, hébergements, sécurité — est estimé à plusieurs millions de dollars. Pour Sabrina Singh, ancienne porte-parole du Pentagone, « c’est un immense gaspillage de l’argent du contribuable ».L’objectif politique semble aussi clair qu’inquiétant. Selon CNN, un responsable de la Maison Blanche a qualifié la réunion de « démonstration de force » pour montrer ce que sera la nouvelle armée sous l’administration Trump. Pete Hegseth, vétéran de l’infanterie de la Garde nationale, affiche depuis des mois sa volonté de rebaptiser le « Department of Defense » en « Department of War ». Des nouveaux emblèmes, plaques et insignes ont déjà été installés au Pentagone.Le contexte mondial rend cette mobilisation encore plus controversée. À l’heure où les États-Unis restent concentrés sur plusieurs conflits — de l’Ukraine à Gaza, en passant par les Caraïbes et le Moyen-Orient —, faire venir des commandants de zones de conflit pour une brève allocution soulève des doutes profonds sur les priorités de l’administration américaine. Cette réunion pourrait être liée à la préparation d’une nouvelle stratégie nationale de défense centrée exclusivement sur la protection du territoire américain.Silence du Congrès et prochaines étapesPendant ce temps, le Congrès reste divisé. La sénatrice démocrate Tammy Duckworth a annoncé vouloir interpeller le secrétaire à la Guerre sur le coût et les risques d’un tel rassemblement. Les républicains, eux, n’ont pas réagi. Le Pentagone n’a toujours pas communiqué de manière claire sur le contenu de la réunion.Une seconde réunion est déjà prévue en décembre à la conférence de Reagan en Californie, centrée sur la dissuasion. Mais déjà, cette première réunion révèle l’accélération d’un processus de recentrage autoritaire de l’appareil militaire américain.